Dans l’affaire libyenne, l’accusateur de Sarkozy a-t-il bénéficié d’un accord avec le juge?

L’affaire sur le présumé financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy continue à être riche en révélations: un article du Journal du dimanche affirme que le juge chargé de l’enquête a passé un accord avec l’accusateur de l’ex-Président de la République.

Le Journal du dimanche (JDD) affirme que les juges chargés de l’enquête sur le présumé financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy ont conclu un accord avec l’un de ses accusateurs, le beau-frère du colonel Kadhafi et chef des services de renseignement, Abdallah Senoussi.

Grâce à cet accord, la justice française s’est montrée indulgente envers M.Senoussi, même s’il ne niait pas son statut de pivot du système de corruption, selon le média.

Ce traitement de faveur est troublant pour le JDD car «l’intéressé, condamné à mort et emprisonné en Libye depuis la chute de Kadhafi, est considéré par ailleurs comme l’organisateur de l’attentat de 1989 contre un DC-10 de la compagnie UTA (170 morts, dont 54 Français)». Il a d’ailleurs été condamné par contumace en 1999 pour ce crime.

En février dernier, un interrogatoire de M.Senoussi par le juge français Serge Tournaire a eu lieu à Tripoli. Cet accord a été évoqué mais n’a pas été retranscrit lors de la traduction.

«Me Trabelsi [l’avocate de Senoussi, Ndlr] insiste sur le fait que son client est auditionné comme témoin et qu’il n’avait aucune autonomie dans la prise de décision à l’époque», précise le compte rendu de l’interrogatoire, cité par le journal. Plus tard, une nouvelle traduction a permis d’en savoir plus sur l’affaire.

«Le conseil de Senoussi insiste sur le fait que son client n’est pas impliqué [dans les] actes reprochés à M. Sarkozy et M. le juge d’instruction de lui expliquer que les autorités françaises n’ont aucun lien avec les actes de M. Senoussi et que celui-ci n’aura pas de comptes à rendre à ce propos», poursuit le compte rendu. L’accord lui aurait permis de ne pas être inquiété alors qu’il s’était lui-même accusé du transfert de 7 millions d’euros pour la campagne de Nicolas Sarkozy.

Le juge a accepté que l’audition de M. Senoussi se fasse sans enregistrement ni photo, relate le journal, précisant que cet accord ne figure pas dans les correspondances officielles entre le juge et le Quai d’Orsay ou le personnel du ministère de la Justice.

Affaire libyenne

Les accusations de financement libyen ont été lancées en 2011 par Saïf al-Islam Kadhafi, le deuxième fils du défunt leader libyen, qui avait alors dit avoir été le témoin de la livraison à Tripoli du premier paiement à Claude Guéant, directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, et avait annoncé être prêt à témoigner contre l’ex-Président. Ces accusations ont été reprises notamment par l’ex-Premier ministre Baghdadi al-Mahmoudi et par l’ancien chef du renseignement militaire, Abdallah Senoussi, beau-frère de Kadhafi, sans pouvoir toutefois être étayées matériellement.

Nicolas Sarkozy avait été placé le 20 mars 2018 en garde à vue dans les locaux de l’office anticorruption (OCLCIFF) à Nanterre (Hauts-de-Seine), dans le cadre de l’enquête sur le présumé financement libyen de la campagne présidentielle de 2007. C’était la première fois que l’ancien chef de l’État était entendu dans le cadre de cette affaire, depuis l’ouverture de l’information judiciaire en avril 2013.

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