Trois nouveaux manifestants ont été tués à Nassiriya dans le sud de l’Irak

La mobilisation se poursuit en Irak malgré la répression qui s’accentue : trois nouveaux manifestants ont été tués, dimanche soir à Nassiriya, par les balles des forces de sécurité et près de 200 autres ont été blessés.

Trois manifestants ont été tués dimanche 10 novembre à Nassiriya dans le sud de l’Irak et des dizaines d’autres blessés par les forces de l’ordre, qui ont tiré dans un centre de Bagdad transformé en champ de bataille.
La contestation, lancée le 1er octobre pour réclamer la chute d’un pouvoir jugé corrompu et incompétent, a un temps semblé faire trembler les autorités. Mais après plus d’un mois – et 319 morts selon un bilan officiel annoncé dimanche matin –, leurs rangs sont plus resserrés que jamais.
La majorité des forces politiques se sont même entendues pour en finir avec des manifestations qui conspuent les dirigeants et le puissant voisin iranien, considéré comme l’architecte du système politique irakien rongé par le clientélisme. Après cet accord pour un “retour à la vie normale”, les forces de sécurité ont intensifié la répression dans un pays coupé du monde depuis une semaine, sans Internet ni réseaux sociaux.

À Nassiriya, trois nouveaux manifestants ont été tués en soirée par les balles des forces de sécurité et près de 200 autres blessés, alors qu’à Bagdad, sur la place Khallani, proche de la place Tahrir, des vagues de manifestants couraient sous les tirs dans un nuage de gaz lacrymogène.
Dans la cohue, un ballet d’ambulances et de rickshaws transportaient des dizaines de blessés, non loin de la place Tahrir, épicentre de la contestation où des centaines de manifestants se trouvent toujours.
Les protestataires se disent déterminés, malgré les arrestations, les enlèvements et des bombes sonores explosant par dizaines, surtout la nuit, faisant trembler tout le centre de Bagdad – une technique d’intimidation, assurent militants et policiers sous le couvert de l’anonymat.
Samedi, neuf manifestants avaient été tués à Bagdad – par balles ou par des grenades lacrymogènes dénoncées comme non réglementaires car de type militaire et pesant dix fois plus qu’ailleurs dans le monde.

La Commission parlementaire des droits humains a réclamé des comptes aux autorités, dénonçant des tirs venus de snipers postés sur des toits et des blessés touchés par “des tirs de grenaille et des armes de chasse”. Depuis début octobre, l’État accuse également des snipers mais assure ne pas parvenir à les identifier.
Alors que les manifestants redoutent désormais une dispersion par la force de la place Tahrir et qu’Amnesty International redoute un “bain de sang”, la mission de l’ONU en Irak (Unami) a proposé dimanche soir un plan de sortie de crise.
Avant toute chose, alors que beaucoup en Irak dénoncent “une nouvelle république de la peur”, l’Unami réclame la libération de tous les manifestants arrêtés. Elle réclame également que la lumière soit faite sur les enlèvements de militants et de médecins – qui sont, pour les défenseurs des droits humains, le fait de forces agissant au nom de l’État mais aussi de groupes armés.
La feuille de route de l’Unami propose également un référendum sur une réforme constitutionnelle sous trois mois, une révision de la loi électorale sous deux semaines et de nouvelles mesures anticorruption dans le douzième pays le plus corrompu au monde.

Ces amendements sont toutefois éloignés des revendications des manifestants, qui réclament désormais la fin du système politique tel qu’il a été créé après la chute de Saddam Hussein en 2003. Ils veulent une nouvelle Constitution et une classe politique entièrement renouvelée.

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