Jeux africains: l’haltérophilie, une passion continentale

Les épreuves d’haltérophilie ont débuté à Rabat ce dimanche 25 août. Sport olympique depuis les Jeux olympiques d’été de 1896 à Athènes, l’haltérophilie est pratiqué sur tout le continent africain et dominé par l’Egypte.

Dans une salle omnisports d’un quartier calme de Rabat, des haut-parleurs crachouillent une musique techno. Derrière le podium, on entend le bruit des poids qui frappent le sol, les athlètes s’échauffent. Quelques officiels se font prendre en photo. L’ambiance est feutrée, le public un peu absent.

Dehors, à quelques mètres de là, alors que le soleil est au zénith, djellabas et babouches aux pieds, on palabre entre hommes sur la terrasse du bar du quartier, sans vraiment s’intéresser à cette discipline ancestrale. À l’intérieur, des jeunes jouent aux cartes en sirotant un soda américain sous le ventilateur. L’haltérophilie reste une affaire de spécialistes.

Propulser la barre et les poids au-dessus de la tête

Ce sport qui consiste à soulever des poids situés aux deux extrémités d’une barre, est présent aux Jeux africains. Deux mouvements principaux peuvent être exécutés, à savoir l’arraché et l’épaulé-jeté. Le but : propulser la barre et les poids au-dessus de la tête en ayant les bras tendus. Si l’arraché s’effectue en une fois, l’épaulé-jeté se déroule en deux temps. Avant de soulever la barre au-dessus de la tête, elle doit être posée sur le haut de la poitrine, puis sur les épaules.

La porte extérieure de l’espace dédié à l’entraînement durant toute la compétition est ouverte. Des gamins en patins à roulettes regardent l’égyptien Mohamed Ihab transpirer à grosses gouttes. Ils n’imaginent absolument pas qu’ils ont face à eux le  médaillé de bronze aux JO de Rio en 2016, et un triple champion du monde et d’Afrique. Lui, cheveux frisés et sourire de circonstance, arbore un tee-shirt rouge sur lequel on peut lire Tokyo. Son prochain objectif. Il soulève ses poids jusqu’à plus soif, sous le regard approbateur de son entraîneur.

« L’haltérophilie, je suis tombé dedans tout petit à l’âge de huit ans, raconte Mohamed Ihab. Toute ma famille pratique ce sport et mon père a été champion d’Afrique. » À côté, un athlète congolais avoue son admiration : « Il représente l’Afrique dans les compétitions mondiales, il nous rend fiers ». Deux Camerounaises étirent leurs muscles endoloris par l’effort.

« L’Égypte fait partie des pays les plus importants dans la hiérarchie mondiale de ce sport. Le Nigeria, le Cameroun et l’Afrique du Sud ont aussi de très bons haltérophiles », avance Fathi Masmoudi, président de la Fédération tunisienne, satisfait que l’haltérophilie soit encore sport olympique.

Sous la surveillance du Comité international olympique

La vingtaine de cas de dopage entre les jeux de Pékin en 2008 et ceux de Londres en 2012 avait mis le feu aux poudres au sein de la Fédération internationale. Le Comité international olympique (CIO) et l’agence mondiale antidopage avaient pris le taureau par les cornes pour mettre de l’ordre dans la famille de l’haltérophilie.

Le CIO avait décidé de laisser la Fédération internationale d’haltérophilie sous surveillance, avant de confirmer sa place aux jeux Olympiques 2024, demandant de fournir avant la fin 2017 des propositions concrètes afin de lutter contre le dopage.

Peu importe, l’haltérophilie reste populaire sur une grande partie du continent africain. « Je m’entraîne trois fois par jour et c’est ma passion, explique le Tunisien Karem Ben Hnia. J’ai commencé à l’école primaire et je n’ai plus jamais arrêté. Ça fait 17 ans ! » Au milieu de l’après-midi, le speaker annonce les noms des athlètes qui vont faire leur entrée pour la première journée de compétition. Trois gamins du quartier jettent un œil par la porte arrière du gymnase, rigolent, et s’éclipsent aussitôt.

Quant à la Malgache Rosina Randafiarison (45 kilos), elle quitte les lieux le devoir accompli, avec une médaille d’or autour du cou.

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