Johnson: appels à sa démission après la décision de la Cour suprême britannique

La Cour suprême britannique a jugé, mardi, que la décision du gouvernement de suspendre l’activité du Parlement était illégale. Un verdict historique qui prive Boris Johnson de son arme principale pour réaliser le Brexit au 31 octobre.
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Le Premier ministre, Boris Johnson, est décidé à faire la sourde oreille aux appels à la démission qui se sont multipliés après le jugement historique de la Cour suprême britannique qui a qualifié, mardi 24 septembre, de “nulle et non avenue” sa décision de suspendre l’activité du Parlement pendant cinq semaines.
La réaction du locataire du 10 Downing Street était très attendue. Après tout, la plus haute autorité du pays vient d’invalider l’un des fondements de la stratégie de Boris Johnson pour court-circuiter le Parlement et sortir de l’Union européenne au 31 octobre coûte que coûte.

“C’est le pire des scénarios pour lui”, reconnaît Daniel Gover, politologue à la Queen Mary University of London, contacté par France 24. La Cour suprême aurait pu reconnaître la légalité de la prorogation décidée par le gouvernement. Elle aurait pu contester la durée de la suspension sans en remettre en cause le principe. Enfin, le verdict aurait pu être pris à une courte majorité. Mais non, c’est à l’unanimité que les juges ont tranché : Boris Johnson a réduit à néant son capital sympathie auprès des députés en les renvoyant chez eux pour rien. Pour la justice, la prorogation n’a, en droit, jamais eu lieu et les parlementaires vont pouvoir revenir dans l’hémicycle dès mercredi à 11 h 30.

“Difficile d’imaginer comment le gouvernement et le Parlement vont continuer à travailler ensemble après cet épisode”, estime Daniel Gover. Il anticipe une cohabitation entre l’exécutif et le législatif encore plus houleuse qu’auparavant : “Les parlementaires vont multiplier les questions gênantes pour le gouvernement, et ils vont utiliser tous les outils à leur disposition pour exercer le contrôle le plus strict possible sur l’activité des ministres”, estime ce politologue.
Pour lui, la grande inconnue réside dans l’attitude que vont adopter les parlementaires conservateurs loyalistes. Cette centaine de députés va devoir se faire à l’idée de soutenir un Premier ministre qui a été reconnu coupable d’avoir enfreint la loi et qui reste accusé d’avoir trompé la Reine en lui assurant que la prorogation n’avait rien à avoir avec le Brexit, afin qu’elle signe le décret. Une situation inédite dans l’histoire britannique récente. Preuve de la pression que ces élus vont devoir supporter : le quotidien conservateur Evening Standard a choisi pour sa Une un portrait de Boris Johnson accompagné du seul mot “coupable”.

Dans ce contexte, le Premier ministre peut craindre que les députés adoptent une motion de défiance pour le forcer à quitter son poste. “La décision de la Cour suprême créée certainement une dynamique favorable à ceux qui militent pour une motion de défiance, mais je ne pense pas qu’on en arrive là”, estime Daniel Gover. L’opposition n’arrive, en effet, pas à se mettre d’accord sur une alternative à Boris Johnson. Pourtant, si elle réussit à le chasser de Downing Street, elle n’a que quatorze jours pour désigner un nouveau gouvernement, sans quoi de nouvelles élections générales seraient organisées. Et aucun parti n’a, pour l’instant, envie d’en arriver là.
Le Premier ministre se retrouve donc dans une position moins inconfortable qu’il n’y paraît, même s’il a subi un revers majeur. Rien ne l’oblige à démissionner, et l’option d’une motion de défiance est peu probable. Il pourrait même profiter politiquement de la décision de la Cour suprême en cas d’élections générales anticipées qui, de l’avis de tous les commentateurs, se profilent à l’horizon. “Boris Johnson peut marquer des points s’il arrive à présenter cet épisode comme une énième tentative de l’’establishment’ de l’empêcher d’accomplir ce qu’il appelle la volonté du peuple, c’est-à-dire la sortie de l’Union européenne au 31 octobre”, estime Daniel Gover. En fin politicien, le Premier ministre a d’ailleurs affirmé, peu après avoir refusé de démissionner, qu’il estimait désormais que “des élections étaient souhaitables”.

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