Le sort de l’alliance au parlement tunisien après l’arrestation de Karoui

La justice tunisienne a arrêté jeudi Nabil Karoui, le président de Qalb Tounes et homme d’affaires et ancien candidat aux élections présidentielles dans l’affaire de suspicion d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent, selon Mohsen Daly, le porte-parole du tribunal de première instance.

L’arrestation et la mise en détention pour blanchiment d’argent de l’ex-candidat à la présidentielle, Nabil Karoui, a suscité de vives réactions au sein de son parti, Au cœur de la Tunisie, qui compte 30 sièges à l’Assemblée.

« Le parti Qalb tounes (Au cœur de la Tunisie) reste confiant et nous sommes sur le bon chemin. Si Nabil Karoui a payé le prix de la diabolisation et du harcèlement, nous restons unis et solidaires. »

Ce revirement de situation constitue un vrai dilemme pour les députés du parti en question. D’un autre côté c’est une réelle opportunité pour les blocs parlementaires qui tenteront peut-être de séduire les 30 représentants pour renforcer leur pouvoir au sein du parlement.

Il ne s’agit pas de la première crise que vit un parti politique. La scène politique tunisienne subit de manière continue une effervescence pour des raisons différentes : les tensions au sein des partis, la violence sous toutes ses formes dans l’assemblée, le tourisme parlementaire, les alliances, les compromis truqués, les remaniements ministériels, les crises socio-économiques successives…

Les alliés d’avant sont les perdants d’aujourd’hui : des Hommes politiques, des blocs parlementaires et des partis ont été détruits.
Ces tensions au sein des partis ont, à leur tour, déstabilisé la scène politique et ont créé de nouvelles donnes.

Cette nouvelle arrestation intervient dans un contexte d’instabilité en Tunisie. La coalition au pouvoir peine à faire adopter le budget 2021 et les rumeurs d’un remaniement se font de plus en plus pressantes. La tension s’est aussi exacerbée au sein du Parlement entre les élus de la majorité et l’opposition. Le gouvernement de Hichem Mechichi est de plus en plus critiqué, y compris par ceux qui ont voté pour lui, notamment Qalb Tounes et le parti islamo-conservateur Ennahdha.

Partis politiques, syndicats et société civile réclament l’ouverture d’un « dialogue national », mais Kais Saïed, le chef de l’Etat, continue de répéter que si dialogue il y a, « les corrompus n’y seront pas conviés » sans jamais nommer Nabil Karoui ou Qalb Tounes, que tous les observateurs identifient comme les premiers concernés par cette potentielle exclusion.

Les répercussions de cette suspension pourraient être contre-productives pour la coalition gouvernementale et sa crédibilité, en particulier le Premier ministre, Hisham El-Mechichi, qui cherche à ouvrir les dossiers de corruption même si elle affecte l’un de ses ministres (le ministre de l’Environnement), ou l’un de ses alliés gouvernementaux.

par: Arab Observer

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