Le Sénat français propose 40 mesures pour lutter contre la radicalisation islamiste

Un rapport sénatorial propose une quarantaine de mesures pour juguler une “radicalisation islamiste” qu’il juge de plus en plus menaçante.

Les “tenants de l’islamisme tentent aujourd’hui de prendre le contrôle de l’islam en France” pour “instaurer le ‘califat’, c’est-à-dire le règne de Dieu sur terre”, et nourrissent dans certaines villes un “séparatisme” dangereux, souligne le rapport, sans toutefois détailler ou quantifier ces agissements.

L’interdiction de territoire aux idéologues cadres des Frères musulmans est l’une des 44 mesures préconisées par le rapport pour lutter contre la radicalisation islamiste au sein de l’État, des associations, des écoles et dans le sport.

La commission, qui se dit “très réservée” sur les tentatives de l’État d’organiser l’islam de France, prône le rétablissement de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), transférée en décembre sous la seule autorité du ministère de l’Intérieur.

Elle plaide également pour un renforcement du maillage étatique pour mieux détecter les comportements ou discours “déviants”, en dopant le renseignement territorial et la police des cultes, et une meilleure formation des élus et fonctionnaires locaux.

Elle réclame de rendre plus facile la fermeture des lieux ou associations diffusant des discours discriminatoires, haineux ou violents. Ainsi que le non renouvellement des conventions signées avec des pays étrangers pour la formation des imams destinés à prêcher en France.

Elle souhaite des contrôles accrus sur les écoles hors contrats, sur le nombre “grandissant” d’élèves scolarisés à domicile, et sur ceux qui sont appelés à encadrer les jeunes en général. Y compris dans le sport, où elle prône également l’interdiction de toute propagande politique, religieuse ou raciale.

Selon la rapporteuse du texte, la Sénatrice (LR) du Val-d’Oise, Jacqueline Eustache-Brinio, “il faut agir vite” car “aujourd’hui en France, à part l’ouest, toutes les régions sont touchées”. “Sinon, prédit-elle, dans quelques années, des quartiers, des pans entiers de territoires vont sortir de la République”.

De son côté, le nouveau ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait jugé mercredi au Sénat que “l’islam politique” était un “ennemi mortel pour la République”, appelant à lutter “contre toute forme de communautarisme”, sans cependant tomber dans les caricatures.
Gérald Darmanin face au Sénat: “Oui, l’Islam politique est un ennemi mortel pour la République”.

En février, Emmanuel Macron avait lui aussi mis en garde contre le “séparatisme islamiste”, et annoncé des mesures contre les “influences étrangères” sur l’islam en France (financement des mosquées, imams).
Parmi les groupes ciblés par le rapport figurent les terroriistes, principaux acteurs de la vague d’attentats qui a fait plus de 250 morts en France depuis 2015.

Mais la commission éreinte également des mouvements musulmans rigoristes qui se disent non violents, notamment les salafistes (près de 40.000 estimés en France) ou les Frères musulmans (50.000), en précisant qu’ils n’ont pas souhaité témoigner devant elle pour répondre à ces accusations.

Elle vise particulièrement le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) ou les Musulmans de France (ex-UOIF), réputés “proche des Frères musulmans”. Une accusation récusée par la direction du CCIF, dit n’avoir “aucun lien” avec ces derniers ou “l’islam politique”, et assure travailler juste à “recenser les violences et les discriminations que vivent les musulmans dans notre pays”.

par: Arab Observer

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