Le Kremlin fustige la fourniture de munitions à l’uranium appauvri à l’Ukraine

Le Kremlin a fustigé jeudi la promesse américaine de fournir à l’Ukraine des munitions à l’uranium appauvri, capables de percer les blindages mais controversées en raison des risques toxiques pour les militaires et la population.

Leur utilisation par le passé a « entraîné une hausse effrénée » de cancers et c’est donc une « très mauvaise nouvelle » dont la « responsabilité incombera aux États-Unis », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

En visite à Kiev mercredi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a dévoilé une nouvelle aide d’un milliard de dollars à l’Ukraine, le Pentagone révélant depuis Washington un volet prévoyant la fourniture de munitions à uranium appauvri de 120 mm destinées aux chars américains Abrams promis à Kiev.

Cette aide comprend également 5,4 millions de dollars d’actifs gelés, appartenant à des oligarques russes, que Washington compte remettre à l’Ukraine pour soutenir la réintégration et la réhabilitation de ses vétérans.

Cette décision des États-Unis a été « perçue de manière tout à fait négative » à Moscou, selon M. Peskov.

La Russie considère comme « illégitime » toute saisie d’actifs russes, « qu’ils soient publics ou privés », a-t-il souligné jeudi, en promettant que cela va aboutir « d’une manière ou d’une autre, à un procès en justice ».

L’utilisation de ces armes est controversée. Si ces munitions sont efficaces pour percer les blindages des chars d’assaut et même si elles restent légales sur le plan du droit international, elles demeurent très toxiques pour l’environnement et peuvent avoir des conséquences sanitaires sur le long terme chez les populations civiles.

Les obus en uranium appauvri ont été massivement utilisés lors des guerres du Golfe en 1991 et 2003 ainsi que dans les Balkans, en Serbie et au Kosovo. Durant les deux guerres du Golfe, 480 tonnes de munitions de ce type ont été utilisées en Irak. À l’époque, elles avaient été vivement décriées, expliquait Reporterre en février dernier. Des médecins et experts en santé publique ont ainsi avancé l’hypothèse que l’uranium appauvri pourrait être à l’origine de la hausse sans précédent des cas de malformations congénitales et de cancers observés dans les régions d’Irak où les combats ont été les plus violents.

Comme le souligne la Commission canadienne de sûreté nucléaire, « le principal risque n’est pas la radioactivité, mais bien la toxicité chimique. [Cela peut] nuire au fonctionnement des reins. Si une personne inhale de grandes quantités de petites particules pendant une longue période, la principale préoccupation pour la santé sera l’augmentation du risque de cancer du poumon ».

Déjà en février dernier, Reporterre rapportait la livraison de chars occidentaux capable de tirer des munitions à uranium appauvri. Les alliés affirmaient alors ne pas vouloir entrer dans des détails techniques sur la composition des munitions utilisées.

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