Le Maroc suspend ses relations avec le gouvernement allemand

Le Maroc a décidé de suspendre tous ses contacts avec le gouvernement allemand et ses institutions publiques, dans une décision apparemment soudaine, le royaume alaouite n’a pas voulu en préciser la raison. Le Ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a publié un communiqué dans lequel il justifie cette décision par “de profonds malentendus (…) concernant des questions fondamentales pour le Royaume du Maroc”.

Le texte n’établit pas de raison concrète pour laquelle les relations diplomatiques entre l’Allemagne et le Maroc auraient pu être tendues jusqu’à ce point. C’est pour cette raison que les rumeurs se sont multipliées quant aux causes possibles qui ont conduit à la rupture entre ces deux pays.

Dans une lettre, adressée au chef du gouvernement et à tous ses membres, Bourita demande la “suspension de tout contact, interaction ou action de coopération (…) avec l’ambassade d’Allemagne au Maroc, avec les organisations de coopération allemandes et les fondations politiques”. Il avertit également que toute exception à cette suspension ne peut être faite que “sur la base d’un accord préalable du ministère des affaires étrangères”.

L’une des principales théories est étroitement liée au conflit du Sahara occidental. Berlin préconise “une solution politique juste et durable acceptée par les deux parties sous les auspices des Nations unies” comme issue au différend, une position éloignée des intérêts marocains, qui défendent leur souveraineté sur le territoire et soutiennent un référendum sur l’autonomie. De plus, l’Allemagne est le pays européen qui a fait pression pour la convocation d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité en décembre dernier pour étudier la question du Sahara occidental.

La dernière des raisons pourrait être une réponse du royaume d’Afrique du Nord au refus allemand de l’inviter à une réunion internationale sur le conflit en Libye. En janvier 2020, Berlin a accueilli une conférence pour examiner la situation dans ce pays africain. Pour sa part, l’Allemagne a invité les chefs d’État des pays impliqués dans le conflit libyen, ainsi que des représentants de l’Union européenne, de l’Union africaine et de la Ligue arabe. Le Maroc a exprimé sa surprise de ne pas avoir reçu d’invitation à la conférence. Rabat a ajouté que son pays a joué un rôle essentiel dans les efforts internationaux pour mettre fin au conflit en Libye.

Les médias marocains évoquent cependant un possible complot d’espionnage allemand. “Berlin aurait envoyé des informateurs pour recueillir des informations très sensibles”, écrivent certains médias locaux. Parmi les spéculations, d’autres soulignent que la raison possible de cette rupture pourrait venir de la pose du drapeau du Front Polisario, pendant quelques heures, sur la façade du parlement régional de Brême (Allemagne).

Il est probable que la tension entre ces deux pays n’a pas été causée par un événement précis, mais s’est accumulée jusqu’à un point de non-retour, où le Maroc a décidé de suspendre ses relations avec le pays allemand, envoyant ainsi un message clair et direct à l’exécutif d’Angela Merkel.

Il est également à craindre qu’une crise diplomatique ne survienne entre le Maroc et l’Union européenne si, à la fin de l’année, la Cour de justice de l’UE invalide les accords, renouvelés en 2019, sur l’agriculture et la pêche.

par: Arab Observer

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page