Libye: Le Procureur général ordonne le placement en détention provisoire de plusieurs responsables libyens

Le Procureur général en Libye a ordonné le placement en détention provisoire de plus de huit responsables libyens dans le cadre d’une enquête sur la rupture des deux barrages ayant entraîné les inondations meurtrières de Derna le 10 septembre, a annoncé lundi son bureau.

Selon le Procureur général libyen, al-Seddik al-Sour, la direction des barrages en Libye avait signalé des fissures sur les deux ouvrages dès 1998 mais aucun travail n’a été accompli pour y remédier.

Le huit personnes, occupant ou ayant occupé des postes à responsabilité au sein du département des ressources hydrauliques ou celui de la gestion des barrages en Libye, sont soupçonnées, entre autres, de «mauvaise gestion» et de «négligence», a précisé le bureau du Procureur dans un communiqué.

Le maire de Derna Abdulmonem al-Ghaithi, démis de ses fonctions avec le reste du Conseil municipal après le drame, fait également partie des personnes concernées par le placement en détention.

Selon le communiqué publié lundi par le bureau du Procureur général, 16 personnes au total, toutes impliquées à des degrés divers dans la gestion des barrages en Libye, sont concernées par l’enquête.

Les huit personnes visées par un ordre de détention provisoire ont été entendues dimanche par une commission chargée d’enquêter sur l’effondrement des deux barrages, selon le communiqué.

Sept d’entre elles, parmi lesquels le chef actuel du département des ressources hydrauliques, son prédécesseur et le responsable de la branche locale de Derna, ainsi que le directeur du département de la gestion des barrages et son prédécesseur «n’ont pas été en mesure de réfuter leur responsabilité dans la mauvaise gestion des missions administratives et financières qui leur incombaient», d’après le communiqué.

«Les fautes qu’ils ont commises» et leur «négligence en matière de prévention des désastres» ont «contribué» à l’arrivée de cette catastrophe et ses lourds bilans humain et économique, a ajouté le texte.

Quant au maire limogé de Derna, il est soupçonné notamment d’»abus de fonction et de mauvaise gestion de fonds alloués au développement de la ville».

Selon le Procureur général libyen, al-Seddik al-Sour, la direction des barrages en Libye avait signalé des fissures sur les deux ouvrages dès 1998 mais aucun travail n’a été accompli pour y remédier.

L’enquête s’est notamment intéressée à un contrat conclu entre le département libyen des Eaux et une compagnie turque pour l’entretien des deux barrages et le versement en 2014 à cette dernière de «sommes disproportionnées» et ce «bien qu’elle ait violé les engagements stipulés dans le contrat», selon le communiqué du Procureur.

Dans une étude en novembre 2022, l’ingénieur et universitaire libyen Abdel-Wanis Ashour avait mis en garde contre une «catastrophe» menaçant Derna si les autorités ne procédaient pas à l’entretien des deux barrages.

Mais cet avertissement est resté sans effet bien que la Libye, qui dispose des réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique, ne manque pas de moyens.

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