Poutine: La Russie avait de quoi répondre aux pays qui la menacent

Vladimir Poutine a affirmé jeudi 2 février que la Russie était « à nouveau » menacée par des chars allemands, référence aux blindés promis par Berlin à Kiev. Une manière d’instrumentaliser la victoire soviétique contre l’Allemagne nazie afin de galvaniser le sentiment national et justifier son offensive en Ukraine.

La Russie a célébré ce jeudi 2 février 2023 les 80 ans de la victoire soviétique dans la bataille de Stalingrad, tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale. Une nouvelle occasion pour le président russe, Vladimir Poutine, d’instrumentaliser sa mémoire.

« C’est incroyable, mais des chars allemands Leopard, sur lesquels sont dessinées des croix, nous menacent à nouveau », a déclaré le président, ajoutant que la Russie avait « de quoi répondre » aux pays qui la menacent.

« Ceux qui entraînent les pays européens, dont l’Allemagne, dans une nouvelle guerre contre la Russie et présentent cela comme un fait accompli de manière irresponsable et ceux qui s’attendent à vaincre la Russie sur le champ de bataille ne comprennent visiblement pas qu’une guerre contemporaine avec la Russie sera complètement différente », a également mis en garde.

« Nous n’envoyons pas nos chars à leurs frontières mais nous avons de quoi leur répondre et cela ne se limitera pas à l’utilisation de véhicules blindés », a-t-il poursuivi.

La commémoration de cette victoire revêt une signification particulière, alors que l’anniversaire du déclenchement de l’offensive russe en Ukraine approche à grands pas, et que Moscou intensifie ses actions après la prise récente de Soledar, une bourgade de l’Est ukrainien. Un premier succès pour la Russie après une série de revers.

Connue comme étant l’une des batailles les plus sanglantes de l’histoire, avec environ deux millions de victimes (morts, blessés ou prisonniers) dans les deux camps, Stalingrad (1942-1943) a changé le cours du conflit. Elle est encore glorifiée par la Russie comme le point de bascule qui permit à l’Europe de se sauver du nazisme.

Pour le maître du Kremlin, qui a fait de la renaissance du sentiment national dans les années 2000 l’assise de son pouvoir, l’occasion était trop belle pour dresser à nouveau le parallèle entre l’invasion de l’Ukraine et la Seconde Guerre mondiale. Déjà, lors de la Journée internationale des victimes de l’Holocauste, le 27 janvier, il n’avait pas hésité à lier la lutte contre les nazis de 1941 à celle que le Kremlin entend mener actuellement en Ukraine : « Oublier les leçons de l’histoire conduit à la répétition de terribles tragédies. La preuve en est les crimes contre les civils, le nettoyage ethnique et les actions punitives organisées par les néonazis en Ukraine. »

Le président russe saisit toutes les opportunités pour rappeler la collaboration de l’Ukraine avec le régime nazi pendant la seconde guerre mondiale, à travers Stepan Bandera (1909-1959), « héros » ukrainien controversé. Mais sans jamais reconnaître la contribution de l’Ukraine à la défaite du IIIe Reich. Une figure à laquelle Poutine a d’ailleurs fait référence ce jeudi : « Et, encore une fois, les successeurs d’Hitler veulent se battre avec la Russie sur la terre ukrainienne en se servant des banderovtsy. »

L’Ukraine fut pourtant, après la Biélorussie, celle des républiques soviétiques qui subit les plus lourdes pertes pendant la Seconde Guerre mondiale (un peu moins de 7 millions de personnes). Et bien que les idéologies ultranationalistes, dont l’idéologie nazie, soit encore présente dans la société ukrainienne et l’armée, elles sont marginales, comme nous le rappelait Adrien Nonjon, spécialiste de l’Ukraine, chercheur associé à la George Washington University.

Mais la propagande russe estime que l’idéologie nazie est généralisée dans la population ukrainienne et chez ses dirigeants, y compris Volodymyr Zelensky, pourtant de confession juive.

par: Arab Observer

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