3,5 millions de travailleurs fédéraux américains menacés de travailler sans salaire

L’heure tourne. La Maison Blanche estime que 3,5 millions de travailleurs fédéraux seront privés de salaire à minuit alors que la probabilité d’un accord budgétaire avec la Chambre des représentants, dominée par les Républicains, semble improbable ce samedi.

En l’absence d’un accord bipartisan de dernière minute, le fameux « shutdown » interviendra, les agences fédérales vont devoir réduire une grande partie de leurs activités et obliger de nombreux employés à travailler sans salaire. Ce sera le cas de 2 millions de militaires, ainsi que d’1,5 million d’employés civils fédéraux, selon le Bureau de la gestion et du budget de la Maison Blanche. Sur ces 3,5 millions de travailleurs de l’État fédéral, seul 820 000 seront mis en congé sans solde. Les autres, essentiellement les forces de l’ordre, les gardes-frontières, les gardiens de prison et les contrôleurs aériens, ont l’obligation de rester à leur poste.

Vendredi soir, les républicains de la Chambre des représentants des États-Unis ont rejeté, par 232 voix contre 198, un projet de loi qui prolongeait le financement gouvernemental de 30 jours, le temps de trouver un accord avec la Maison Blanche et le Sénat. Rédigé par Kevin McCarthy, le président de la Chambre, le texte proposait de reprendre la construction du mur anti-migrants à la frontière mexicaine et d’autres mesures pour réduire l’immigration, des priorités républicaines qui avaient peu de chances d’être adoptées par le Sénat contrôlé par les démocrates. 21 républicains radicaux de la Chambre se sont rangés du côté des démocrates pour faire échouer le vote.

Ce texte rejeté laisse les républicains sans stratégie claire. Et McCarthy n’a pas d’autre proposition. Après le vote, il a déclaré que la Chambre pouvait encore adopter une prolongation du financement sans les amendements conservateurs qui ont repoussé les démocrates. « Ce n’est un échec que si vous abandonnez », a-t-il lancé à la presse. Mais il a refusé d’en dire plus. Sa position est instable : les plus à droite des conservateurs, qualifiés d’extrémistes par Biden, ont menacé de l’évincer s’il s’appuyait sur les votes démocrates.

La fermeture pure et simple de nombreux services conduirait aussi à la mise entre parenthèses du programme d’assistance nutritionnelle qui accompagne plus de 7 millions de mères en grande précarité et leurs enfants dans le pays. De même, des dispositifs d’aide aux petites entreprises ne pourraient plus fonctionner. Elle empêchera aussi l’État fédéral d’honorer les remboursements de sa dette, de 31 400 milliards de dollars.

Cette fermeture, si elle a lieu à 0h01 dimanche matin (6h01, heure française), sera la quatrième en dix ans et quatre mois seulement après qu’une impasse similaire a conduit Washington à deux doigts du défaut sur sa dette. Joe Biden avait trouvé un accord de dernière minute avec McCarthy. Cette politique de la corde raide répétée a suscité des inquiétudes à Wall Street, où l’agence de notation Moody’s a averti que cela pourrait nuire à la solvabilité des États-Unis.

À Atlanta, les festivités du 99e anniversaire de l’ancien président Jimmy Carter ont été avancées de dimanche à samedi pour éviter toute perturbation, selon les médias locaux.

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