Boris Johnson : L’échec et une nouvelle gifle au Parlement

Il n’a plus de majorité et pourrait être forcé de repousser le Brexit. Le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est pris une série de gifles mercredi à la Chambre des Communes, échouant même dans son projet de dissoudre l’assemblée pour se sortir de l’impasse. Après à peine six semaines au pouvoir, rien ne va plus pour Boris Johnson au Parlement.

C’est un Premier ministre bien énervé et loin d’être dans le costume de chef du gouvernement qui est apparu aux Communes. Parfois tout rouge, parlant quelque fois bien trop vite, Boris Johnson a même insulté par deux fois Jeremy Corbyn avec des attaques ad hominem et un vocabulaire typiquement britannique le qualifiant par exemple de « poulet chloré »… Il a porté des attaques aussi sur son programme sobrement et vulgairement qualifié de « merde ». Un Premier ministre à l’unisson des députés qui ont échangé des noms d’oiseaux à longueur de débats.
Boris Johnson n’a plus de majorité mais tient encore son parti même si 21 parlementaires très respectés, peut-être bientôt 23, ont été expulsés parce qu’ils avaient voté avec l’opposition.

La loi pour bloquer une sortie sans accord est en discussions à la Chambre des Lords : 92 amendements ont été déposés alors que le Parlement va être suspendu. Cela préfigure de longues heures de discussions sans interruption. Certains lords l’ont raconté sur les réseaux sociaux : ils sont venus siéger avec rasoirs, duvets et vêtements de rechange pour les rares pauses entre deux votes. C’est la seule étape connue dans l’immédiat.
Boris Johnson n’a pas dit comment il allait réagir. Il veut des élections anticipées et il va les avoir. L’opposition est d’accord ; la seule question c’est quand ? Officiellement les travaillistes veulent verrouiller le blocage d’une sortie sans accord mais en réalité ils divergent sur la stratégie : quand accepter des élections, dans la deuxième quinzaine d’octobre ou en novembre ? Le débat n’est pas tranché. Commentaire hier soir d’un editorialiste politique: « si c’était un jeu, il serait passionnant… Mais ça n est pas un jeu ». « Pendant que la bulle de Westminster bout, l’amertume et la colère grandissent dans le pays », souligne un autre.

Boris Johnson « acculé » : trois grands quotidiens, le Financial Times, le Guardian et the independant, utilisent le même terme pour décrire en Une la position actuellement très inconfortable du Premier ministre : non seulement il n’a pas réussi à empêcher les députés de faire adopter un projet de loi contre un Brexit sans accord, mais il n’a pas non plus convaincu les partis d’opposition d’approuver son offre d’élection anticipée le 15 octobre. Une « humiliante double défaite » pour le Financial Times et qui laisse Boris Johnson de facto « piégé par un Parlement hostile dans un 10 Downing street bunkerisé ».
Même constat dans le Times pour qui le dirigeant et son très controversé stratège politique, Dominic Cummings, « livrent une bataille de plus en plus désespérée pour imposer une élection générale face à des opposants qui veulent le voir retranché à son poste mais sans aucun pouvoir ». Le tabloid de gauche Daily Mirror, qui n’a jamais été un grand fan de Boris Johnson se contente lui de le qualifier de « Pire Premier ministre britannique » juste derrière Theresa May.
A l’inverse pour les journaux de droite, le grand fauteur de trouble est Jeremy Corbyn. Le Telegraph traite d’ « hypocrite » le leader travailliste qui a refusé une élection pour sortir de l’impasse. Les tabloids Daily Mail et le Sun reprennent eux la formule de Boris Johnson qui hier aux Communes a traité son adversaire de « poule mouillée » et ils appellent à des élections anticipées pour ne pas capituler face à Bruxelles.

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