Rapport: Plus de 60 entreprises soutiennent les colonies israéliennes et les opérations militaires à Gaza

Une experte des Nations Unies a nommé plus de 60 entreprises, dont de grands fabricants d’armes et des sociétés technologiques, dans un rapport les accusant de soutenir les colonies israéliennes et les opérations militaires à Gaza, qu’elle qualifie de campagne génocidaire.
Francesca Albanese, avocate italienne spécialisée en droits humains et Rapporteuse spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés, a rédigé ce rapport à partir de plus de 200 contributions émanant d’États, de défenseurs des droits humains, d’entreprises et d’universitaires.
Publié lundi soir, le rapport appelle les entreprises à cesser toute relation commerciale avec Israël et réclame que les dirigeants impliqués dans de potentielles violations du droit international soient traduits en justice.
Alors que la vie à Gaza est anéantie et que la Cisjordanie subit des assauts croissants, ce rapport démontre pourquoi le génocide israélien se poursuit : parce qu’il est lucratif pour beaucoup, écrit Albanese dans ce document de 27 pages. Elle accuse les entreprises concernées d’être financièrement liées à l’apartheid et au militarisme israéliens.
Le rapport classe les entreprises par secteur, notamment militaire ou technologique, sans toujours préciser si leur implication concerne les colonies ou la campagne de Gaza. Il indique qu’environ 15 entreprises ont répondu directement au bureau d’Albanese, sans que leurs réponses ne soient publiées.
La mission israélienne à Genève a qualifié ce rapport de juridiquement infondé, diffamatoire et d’abus flagrant de sa fonction. Les bureaux du Premier ministre israélien et du ministère des Affaires étrangères n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.
Israël a rejeté les accusations de génocide à Gaza, invoquant son droit à l’autodéfense après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a fait 1 200 morts et 251 otages, selon les chiffres israéliens.
Le rapport cite des entreprises d’armement telles que Lockheed Martin et Leonardo, alléguant que leurs armes ont été utilisées à Gaza. Il mentionne également des fournisseurs de machines lourdes comme Caterpillar Inc et HD Hyundai, accusant leurs équipements d’avoir contribué à la destruction de biens dans les territoires palestiniens.
Caterpillar a déjà affirmé s’attendre à ce que ses produits soient utilisés conformément au droit international humanitaire. Aucune des entreprises mentionnées n’a immédiatement répondu aux sollicitations de Reuters.
Des géants de la technologie comme Alphabet, Amazon, Microsoft et IBM sont également cités comme étant au coeur de l’appareil de surveillance israélien et de la destruction continue à Gaza.
Alphabet a précédemment défendu son contrat de services cloud de 1,2 milliard de dollars avec le gouvernement israélien, précisant qu’il ne vise pas des opérations militaires ou de renseignement.
Palantir Technologies est aussi mentionnée pour avoir fourni des outils d’intelligence artificielle à l’armée israélienne, bien que le rapport ne détaille pas les usages précis de ces technologies.
Le rapport approfondit une base de données onusienne précédente des entreprises liées aux colonies israéliennes, mise à jour pour la dernière fois en juin 2023, en y ajoutant de nouvelles sociétés et en détaillant les liens présumés avec le conflit en cours à Gaza.
Il sera présenté jeudi devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, composé de 47 membres. Bien que ce Conseil ne dispose pas de pouvoirs juridiquement contraignants, les cas documentés par les enquêtes onusiennes ont parfois alimenté des poursuites internationales.
Israël et les États-Unis se sont retirés du Conseil plus tôt cette année, dénonçant un parti pris contre Israël.