Tunisie: Ghannouchi et d’autres condamnés dans l’Affaire du complot 2

Le verdict est tombé mardi dans le procès de l’Affaire du complot 2 en Tunisie. Des peines allant de 12 à 35 ans de prison ont été prononcées contre plusieurs personnalités politiques pour complot contre la sûreté intérieure de l’État. Chef déjà emprisonné du parti islamo-conservateur Ennahdha, Rached Ghannouchi a été condamné à 14 ans de prison.
La justice tunisienne a prononcé, mardi 8 juillet, des peines allant de 12 à 35 ans de prison contre plusieurs personnalités politiques pour complot contre la sûreté de l’État, ont annoncé les médias locaux.
Dans ce dossier baptisé Affaire du complot 2, le chef déjà emprisonné du parti islamo-conservateur Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui a boycotté le procès, a été condamné à 14 ans de prison, a précisé Ennahdha dans un communiqué.
Une vingtaine de personnes étaient poursuivies dans cette affaire. Parmi elles, figurent Nadia Akacha, ancienne directrice de cabinet du président Kaïs Saïed, et Rafik Abdessalem, gendre de Rached Ghannouchi et ancien ministre des Affaires étrangères. Tous deux, en fuite à l’étranger, ont été condamnés par contumace à 35 ans de prison, ont précisé les médias.
Ils étaient notamment accusés de complot contre la sûreté intérieure de l’État et formation d’une organisation et d’une entente en lien avec des crimes terroristes.
Rached Ghannouchi et d’autres dirigeants d’Ennahdha, ainsi que le militaire à la retraite Kamel ben Bedoui, étaient accusés d’avoir mis en place un appareil sécuritaire secret au service du parti islamiste, arrivé en tête des élections de l’après-révolution en 2011, selon la défense.
Rached Ghannouchi était président du Parlement au moment du coup de force du président Kaïs Saïed à l’été 2021. Il avait été condamné début février à 22 ans de prison, déjà pour complot contre la sûreté de l’État.
Dans un autre méga-procès, également pour complot, de nombreux opposants ont été condamnés en avril à des peines allant jusqu’à 66 ans de prison ferme.
Depuis le coup de force du président Kaïs Saïed le 25 juillet 2021, par lequel il s’est octroyé les pleins pouvoirs et que ses opposants qualifient de coup d’État, des ONG tunisiennes et étrangères déplorent une régression des droits et libertés dans le pays berceau du Printemps arabe.
De nombreux journalistes, blogueurs et avocats ont été interpellés ou font l’objet d’enquêtes en vertu d’un décret-loi disant vouloir lutter contre les fausses informations, mais qui est vivement critiqué par les défenseurs des droits qui dénoncent son interprétation trop large par la justice.