Cinq ans après l’EI, les Yazidis fêtent l’été mais n’oublient pas les tueries

A Lalish, sanctuaire des Yazidis dans le nord de l’Irak, des centaines de personnes célèbrent la fête de l’été, assombrie cette année encore par le souvenir de l’offensive meurtrière du groupe Etat islamique (EI), il y a tout juste cinq ans.

Au milieu de femmes vêtues de T-shirt commémorant le “génocide” et brandissant des clichés de Yazidis suppliciés par les jihadistes, les dignitaires, longue robe blanche et keffieh sur la tête, ont défilé samedi, avec à leur tête Hazem Bek, récemment intronisé prince des Yazidis.

“Nous commémorons la mémoire de toutes les personnes tuées lors du génocide il y a cinq ans”, martèle-t-il.

Les Yazidis sont une minorité kurdophone adepte d’une religion monothéiste ésotérique. Ils sont considérés comme hérétiques par l’EI, qui en 2014, a tué en quelques jours des centaines d’hommes de la communauté, enrôlé de force des enfants-soldats et réduit des milliers de femmes à l’esclavage sexuel.

Si Lalish, au Kurdistan irakien, est de nouveau le coeur battant de la vie religieuse des Yazidis, leur bastion historique de Sinjar, à plus de 300 km de là, est ravagé. La politique de la terre brûlée de l’EI a privé de son gagne-pain cette communauté d’agriculteurs et les services publics n’y sont toujours pas rétablis car la reconstruction tarde à débuter.

“J’espère que quelque chose sera fait pour Sinjar, car actuellement, (la région) est tellement dévastée que c’est comme si elle n’existait pas”, déplore Alia Barkat, jeune femme yazidie venue à Lalish, où des fidèles se pressent pour allumer des bougies, faire brûler des huiles ou participer au rituel de purification du temple.

L’envoyée spéciale de l’ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert, a dénoncé dans un communiqué “l’échec actuel de la stabilisation” de Sinjar.

“La stabilité est vitale pour que cette communauté brisée puisse rentrer chez elle et reconstruire sa vie”, a-t-elle plaidé, appelant autorités irakiennes et kurdes à “trouver en urgence des solutions”.

La cause des Yazidis est portée à l’étranger par Nadia Murad, prix Nobel de la Paix 2018, qui sillonne le monde avec l’avocate Amal Clooney pour que la communauté internationale reconnaisse le “génocide” dont a été victime sa communauté.

Le crime de génocide est le plus grave du droit international et l’ONU enquête actuellement pour établir si l’EI a commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou un génocide, notamment à l’encontre des Yazidis d’Irak.

Ils étaient 550.000 dans le pays avant 2014 –soit un tiers des Yazidis du monde–, mais depuis, 100.000 ont pris le chemin de l’exil et 360.000 autres s’entassent toujours dans des camps de déplacés, en majorité au Kurdistan.

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