Fakhfakh face au mouvement Ennahda et au cœur de la Tunisie

Le chef du gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh a annoncé, ce vendredi, lors de sa conférence de presse, qu’il dispose du soutien de pas moins de dix partis ou blocs parlementaires, avec au moins 150 voix à l’ARP, qui ont donné leur accord pour participer à son gouvernement.

«Elyes Fakhfakh doit chercher la légitimité de son gouvernement dans le Parlement et non pas au Palais de Carthage», a haussé le ton, hier, le président du Conseil de la choura d’Ennahdha, Abdelkarim Harouni, pour appeler Elyes Fakhfakh à s’ouvrir à tous les partis politiques dont notamment Au cœur de la Tunisie. Résultat : le processus de la formation du gouvernement se dirige davantage vers un nouveau blocage politique et un bras de fer peut être engagé entre Ennahdha et le chef du gouvernement désigné.

Le parti Ennahdha ne l’a pas affirmé explicitement en appelant à un gouvernement d’Union nationale, il pose la condition de faire participer le parti de Nabil Karoui pour prendre part à la formation du gouvernement et lui accorder sa confiance au Parlement. Ainsi l’actuel paysage politique ressemble plus à un bras de fer engagé entre Ennahdha, première force parlementaire, et le chef du gouvernement désigné Elyes Fakhfakh, dont l’aboutissement sera dévoilé lors des prochains jours des négociations qui s’annoncent délicates et périlleuses pour toutes les parties.

Ennahdha vise à élargir la coalition gouvernementale et la ceinture politique du prochain gouvernement, il tend également à affaiblir l’opposition parlementaire. Le principal objectif étant donc d’isoler le Parti destourien libre de Abir Moussi dans une opposition affaiblie afin de limiter son influence sur la scène politique.

Le parti Ennahdha vise également à limiter l’influence et l’implication du président de la République Kaïs Saïed qui semble avoir largement gagné du terrain ces derniers jours et pris les commandes de la scène politique. D’ailleurs, le choix d’Elyes Fakhfakh pour former le prochain gouvernement s’est fait, selon nos informations, sur la base d’un compromis bien clair : aucune place pour Au cœur de la Tunisie dans le prochain gouvernement.

Toujours est-il qu’en réalité, le chef du gouvernement demeure bien loin des 150 voix qu’il croit pouvoir obtenir au moment du vote de confiance à l’ARP et qu’il n’est pas proche de se les assurer s’il continue à négliger les avis des représentants du peuple, en se targuant de bénéficier de la légitimité de Kaïs Saïed et à défier les députés de pouvoir s’opposer à son gouvernement, aux choix du président et à la volonté de ses électeurs.

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