France entre dans sa phase de déconfinement

La France entre, lundi, dans sa phase de déconfinement, après 55 jours sous cloche. Le pays devra relever le pari de la reprise économique, tout en préservant la sécurité sanitaire des Français.
Malgé un couac de calendrier de dernière minute, la France se remet en mouvement, lundi 11 mai, après un long confinement. Au programme : port du masque obligatoire dans les transports et casse-tête sanitaire à l’école, sur fond de crainte que la reprise ne déclenche une nouvelle flambée de la pandémie de coronavirus.

“Grâce à vous, le virus a reculé”, a tweeté le président français Emmanuel Macron, dimanche, à quelques heures de l’échéance. “Mais il est toujours là. SAUVEZ DES VIES RESTEZ PRUDENTS”.
Après 55 jours d’un confinement aussi strict qu’inédit, le bilan quotidien des morts du Covid-19 est retombé, dimanche, à 70, au plus bas depuis la mise sous cloche de la population le 17 mars. Mais le bilan total reste lourd, avec au moins 26 380 décès, dont 9 738 dans les Ehpad, même si la pression sur les urgences se réduit toujours.

Au premier jour de ce déconfinement progressif, des centaines de milliers de personnes reprennent le chemin du travail, bientôt suivies par les écoliers.
Cependant, la loi d’état d’urgence sanitaire n’a pas été promulguée dimanche soir, comme espéré par le gouvernement, le Conseil constitutionnel devant l’examiner seulement ce lundi. L’exécutif a alors fait appel “au sens de la responsabilité des Français” pour respecter certaines de ses dispositions dans l’intervalle, ont annoncé l’Élysée et Matignon.
Un retard dans le calendrier qui repousse à lundi soir l’entrée en vigueur de deux dispositions phare : la limitation des déplacements à 100 km et l’attestation obligatoire dans les transports en commun

Cette reprise, vitale pour relancer une économie plongée dans une récession jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale avec un chômage partiel touchant plus de 12 millions de personnes, inquiète sur le plan sanitaire.
Quelques jours avant la date annoncée du déconfinement, l’apparition de trois nouveaux foyers de contamination dans des zones jusqu’ici classées en “vert”, souligne les dangers de ce retour en force du virus. L’un de ces foyers, dans la Vienne, a justement été enregistré dans un collège où des personnels préparaient la reprise. Un autre, en Vendée, s’est développé au sein d’une entreprise.

“Ce n’est pas parce qu’on parle de zone verte qu’il n’y a pas de virus qui circule”, a averti le ministre de la Santé, Olivier Véran dimanche soir sur TF1. “Nous allégeons les conditions du confinement mais la vie ne peut pas reprendre comme elle était auparavant”, a-t-il insisté.
Lundi matin, c’est la situation dans les transports qui cristallise les inquiétudes. La ministre en charge des Transports, Elisabeth Borne et son secrétaire d’État Jean-Baptiste Djebbari se sont donc rendus gare de l’Est, à Paris, pour vérifier les préparatifs.

“J’en appelle à la fois à chaque entreprise et à chaque citoyen pour qu’il prenne aussi sa part dans la réussite de ce déconfinement”, a lancé la ministre, alors que le masque devient le sésame obligatoire dans les transports publics.
Aussi, comme l’a annoncé le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, l’État va mettre “10 millions de masques à disposition des opérateurs de transport”, destinés aux usagers, dont 4,4 millions pour la région Île-de-France.

En effet, la situation francilienne préoccupe particulièrement. Outre le port obligatoire du masque dans les transports, l’accès aux transports en heures de pointe sera soumis à restriction, avec attestation d’employeur requise.
Toutefois, le maintien de la “distanciation sociale” s’annonce périlleux, et la RATP comme la SNCF ont prévenu : il y aura des interruptions de service si besoin.

“On n’est pas à l’abri d’un reconfinement si les règles ne sont pas respectées”, a même estimé la présidente de la région, Valérie Pécresse.
Lundi matin déjà, plusieurs vidéos illustraient le difficile compromis entre reprise de l’activité et respect des règles sanitaires dans les transports. Comme à Creil (Oise), où des centaines de voyageurs attendaient sur le quai, jouant des coudes pour parvenir à monter à bord de leur train.

Autre dossier brûlant, le retour à l’école inquiète élus locaux, parents et enseignants. Alors qu’une pré-rentrée est prévue, lundi, pour permettre aux enseignants d’organiser la reprise, les élèves sont attendus dès mardi, ou plus tard selon les communes.
Au total, “près de 86 %” des 50 500 écoles de France vont rouvrir, pour accueillir “plus de 1,5 million d’enfants”, sur un total de 6,7 millions d’écoliers en maternelle et élémentaire, a assuré au Journal du Dimanche le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer.
Les collégiens, quant à eux, doivent retrouver le chemin des classes plus tard en mai (selon que leur zone est verte ou rouge), et une décision sera prise à la fin du mois sur les lycées.

Toutefois, de nombreux maires rechignent à rouvrir les écoles face au casse-tête des règles sanitaires à faire respecter, notamment par les plus jeunes. Certains enseignants envisagent d’ailleurs un droit de retrait, et de nombreux parents craignent de remettre leurs enfants en contact potentiel avec le virus.

Le déconfinement marque aussi la fin des attestions à remplir pour tout déplacement. La distance dont on peut s’éloigner de son domicile passe de 1 à 100 kilomètres (une raison “impérieuse”, notamment familiale ou professionnelle, sera nécessaire pour aller au-delà). L’interdiction de socialiser est également assouplie et les rassemblements jusqu’à 10 personnes autorisés, dans le respect des “gestes barrières”.

Quatre régions (Île-de-France, Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté) et 32 départements, dont Mayotte, où vivent quelque 27 millions de Français au total, restent classés “rouge” en raison de la circulation toujours rapide du virus et du risque de saturation des hôpitaux.

par: Arab Observer

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