Kais Saïed: Le remaniement ministériel opéré par Mechichi ne respecte pas la constitution

Le président tunisien Kais Saïed a déclaré lundi, que le remaniement ministériel opéré par le Premier ministre tunisien Hichem Mechichi il y a quelques jours n’a pas respecté les procédures prévues dans la constitution, et que certains des ministres proposés dans le remaniement sont impliqués dans des cas de corruption ou ont des fichiers de conflits d’intérêts.

« Votre remaniement n’a pas respecté les dispositions constitutionnelles de délibérations en conseil des ministres et autres procédures, des ministres proposés sont sous poursuites judiciaires et ne seront pas admis à prêter serment, si investis, la représentation de la femme est minorée… » Sans feutrer ses griefs à l’encontre du chef du gouvernement, Hichem Mechichi, qu’il avait lui-même proposé il y a six mois, il multiplie les mises en garde.

« La situation est devenue inacceptable, encore plus compliquée dans un contexte encore plus compliqué. A peine constitué, le gouvernement est l’objet de remaniement, sous l’influence de nouvelles alliances. Chaque jour apporte une fatwa, et une nouvelle lecture et exégèse. Nous ne laisserons pas la Tunisie vaciller ou tomber, nous demeurons vigilants quant à sa protection. »

Faisant indirectement allusion à la proposition d’Ennahdha de faire appel à ses militants pour soutenir les forces de l’ordre dans le maintien de la sécurité lors des mouvements de protestation, le président Kais Saïed oppose un niet catégorique. Aucune force, quelle qu’en soit, autre que celle de l’État, ne saurait agir !

Je ne veux pas bloquer le fonctionnement des institutions de l’État, mais ces institutions doivent se conformer à la Constitution, déclare Kais Saïed. Comment voulez-vous que le chef de l’État garant de la constitution soit sollicité pour respecter la constitution alors qu’il voit celle-ci, de ses propres yeux, violée.

Il ne s’agit pas dans le cas d’espèce, d’un remaniement, mais d’une restructuration. Il n’y a pas eu délibération en conseil des ministres sur cette restructuration. Seule une lettre nous a été adressée et une autre lettre, dans le même sens nous est parvenue de l’ARP. Le président de la République n’en a pas été avisée auparavant.

Le ministre de l’Intérieur a été limogé par un décret gouvernemental pris par le chef du gouvernement qui s’était autoproclamé lui-même pour en assurer l’intérim, dit Kais Saïd, dans les décrets gouvernementaux, la signature porte également le contreseing du ministre concerné.

La présidence de la République n’est pas une simple boîte aux lettres qui reçoit le courrier et signe les textes ou organise les cérémonies de prestation de serment, prévient-il. C’est elle qui préserve l’État et veille à sa pérennité. Parmi ceux qui sont proposés à des postes ministériels, il y a une personne qui est sous poursuites judiciaires dans une affaire de malversation financière (j’en détiens le dossier) et trois autres, sous présomption de conflit d’intérêt. » Le serment ne saurait être prêté par celui qui est impliqué dans une affaire en justice, ou pourrait l’être un jour.

Nous avons tant enduré ces dix dernières années, par respect. Aux personnes et aux institutions. Mais, nous n’hésiterons pas à clamer haut et fort ce que nous considérons comme juste et à assumer pleinement notre charge. C’est ce dont je me suis engagé vis-à-vis du peuple, sans concession. J’ai beaucoup œuvré loin des feux de la rampe, beaucoup plus que vous ne pouvez l’imaginer. Mais, aussi j’ai les moyens juridiques pour préserver l’État, la révolution, et le peuple tunisien. Je ne vous crois, vous aussi, que sur la même voie. »

par: Arab Observer

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