La France affronte enfin l’islamisme radical

Pedro González
La loi consacrant la séparation des Églises et de l’État, qui a fait de la France le pays le plus avancé dans la mise en œuvre effective de la laïcité, date de 1905. Bien que le but de la loi soit de délier l’État des servitudes et des engagements pris envers l’Église catholique, les législateurs de l’époque se réfèrent à « toutes les religions », en pensant évidemment à la concurrence des protestants, qui ont été impliqués dans tant de luttes sanglantes dans l’ancienne Gaule. Le texte ne montre aucune préoccupation particulière pour la religion musulmane, qui est pratiquée principalement dans les territoires africains que la France a incorporés sous son régime colonial.

Avec son abondance de massacres et autres épisodes sanglants, la décolonisation progressive et rapide, initiée à la fin de la Seconde Guerre mondiale et promue avec détermination par les Nations unies, a entraîné un flux croissant d’immigrants des pays nouvellement indépendants vers l’ancienne métropole, qui croyait ainsi atteindre deux objectifs : un nettoyage de sa propre conscience nationale en raison des excès commis dans les guerres d’indépendance, particulièrement graves dans le cas de l’Algérie, et le maintien d’une forte dépendance économique et commerciale vis-à-vis de ses anciennes colonies.

Ces deux objectifs ont été atteints : la France a déjà fait des gestes de reconnaissance de sa culpabilité pour ses excès colonialistes, tout en se vantant de ses grandes contributions culturelles, financières et de développement humain à ces territoires, « puisque nous n’allons pas admettre que tout ce que nous avons fait était intrinsèquement mauvais ». Il a également contribué à l’éducation des élites émergentes de ces pays. Il est donc rare que les dirigeants de leurs anciennes colonies n’aient pas passé leur adolescence et leur jeunesse dans des universités ou des académies militaires françaises.

Cependant, la France a également intégré dans sa population un grand nombre d’immigrés qui, en plus de contribuer par leur travail, essentiellement manuel, à la prospérité du pays d’accueil, ont importé le meilleur et le moins bon de l’Islam. Les deuxième, troisième et même quatrième générations de ce flot migratoire sont des citoyens français à part entière, étant nés, ayant vécu et ayant été éduqués entièrement en France. Entre cinq et sept millions de musulmans sont ainsi insérés dans la société française.

Tout comme les immigrants des pays d’Europe du Sud, d’Amérique latine ou d’Asie ont tendance à se regrouper selon leurs origines communes dans des quartiers particuliers, les Africains ont fait de même. Or, ce sont précisément les personnes d’origine arabe qui, invoquant toutes sortes de prétendues discriminations et d’affrontements sociaux, ont transformé une grande partie de leurs quartiers en véritables ghettos, devenus depuis plus de deux décennies des proies faciles pour l’islamisme radical.

Ce sont les banlieues dites « banlieusardes », dans lesquelles la police hésite à entrer et où se sont établis de facto les us et coutumes et, en définitive, le pouvoir de ceux qui aspirent à supplanter l’autorité de l’État français. De plus, en protestant contre la discrimination, les lois de la République ont été progressivement remises en cause, allant même jusqu’au rejet de son ordre juridique face à la loi islamique.

Le dernier sondage sur le sujet, qui a mis à l’épreuve la patience du Palais de l’Elysée, montre que 74 % des musulmans français de moins de 25 ans respectent les préceptes de l’Islam au-delà des lois de la République. Quarante-cinq pour cent vont même plus loin, considérant que les valeurs islamiques sont totalement incompatibles avec les valeurs de la société française.

Contrairement à ses prédécesseurs, le président Emmanuel Macron a cessé d’apaiser et a décidé de s’attaquer au problème dans son ensemble. Son projet salue chastement la dénomination de droit contre le séparatisme, bien que l’objectif central soit évidemment le séparatisme islamique, bien que le texte mette aussi implicitement en garde contre les éventuels aléas sécessionnistes des Basques, des Corses, des Catalans ou des Bretons.

Macron, qui en est déjà à la troisième année de son mandat et à deux ans d’une nouvelle élection présidentielle, s’attaque au problème à la racine, de sorte que l’enseignement obligatoire ne connaîtra plus d’exceptions, comme c’était le cas jusqu’à présent, pour les musulmans. Ainsi, en plus de rendre l’éducation obligatoire dès l’âge de 3 ans, il interdit expressément l’enseignement dit « à domicile », un subterfuge dans lequel de nombreuses familles étaient autorisées à faire éduquer leurs enfants à la maison, généralement par des ecclésiastiques ou des enseignants idéologiquement identifiés à l’Islam radical.

Elle a également mis un terme à la pratique, de plus en plus répandue, consistant à adapter les menus scolaires des écoles publiques aux interdictions religieuses, ainsi qu’aux différents horaires d’utilisation des piscines, avec la ségrégation des sexes qui en découle.

Et, bien sûr, Macron n’oublie pas le nœud du problème : la suppression du chiffre des soi-disant « imams en mission de service », un chiffre qui a permis à 150 ecclésiastiques turcs, 120 algériens et 30 marocains, dont les salaires sont payés par leurs pays d’origine, d’enseigner dans 2 500 mosquées françaises, une tâche éducative qui a abouti à ce pourcentage alarmant de musulmans qui s’opposent au Coran par rapport à la loi française. Le président entend « libérer l’islam en France des influences étrangères », stabiliser les répertoires des mosquées et former en France « des imams qui défendent un islam absolument compatible avec les valeurs de la République ».

Des pressions pour empêcher l’adoption de ce projet de loi ont commencé à s’exercer, notamment de la part du Conseil français du culte musulman (CFMC), un organisme créé en 2003 pour représenter l’Islam auprès des pouvoirs publics. Le plus actif dans les protestations est le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, pour qui la suppression des imams détachés est « irréalisable ». Une réaction qui semble montrer que cette fois, le projet de loi a touché le pilier le plus sensible du phénomène croissant d’islamisation radicale en France.

par: Arab Observer

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