Le Parlement britannique reprend ses travaux après la décision de la Cour suprême

Les députés britanniques ont repris leurs travaux mercredi 25 septembre à la mi-journée dans une atmosphère surchauffée après l’arrêt historique de la Cour suprême qui a annulé la décision controversée du Premier ministre Boris Johnson de suspendre le Parlement à l’approche du Brexit. Le dirigeant s’exprimera dans l’après-midi, selon sa porte-parole, sur cette décision qui a porté un grave coup à son autorité et a déclenché des appels à sa démission. Nul doute qu’il sera confronté à un barrage de critiques alors que les premières prises de parole ont donné lieu à des échanges acides entre les députés conservateurs et l’opposition.

« Ce Parlement est mort  ! Il ne devrait plus siéger  ! » s’est écrié l’attorney général (conseiller juridique du gouvernement) Geoffrey Cox, qui avait assuré le gouvernement de la légalité de la suspension avant qu’elle ne soit annoncée fin août. Il a annoncé que l’exécutif désormais minoritaire déposerait « bientôt » une motion pour la tenue d’élections législatives anticipées, pour la troisième fois après deux précédentes tentatives mises en échec par les députés, trop « lâches » selon lui. D’après plusieurs sondages d’opinion, le Parti conservateur arriverait en tête en cas de scrutin anticipé. Mais l’opposition ne veut pas en entendre parler avant que la menace d’un Brexit sans accord ne soit effectivement écartée.

« Ce Parlement devrait avoir le courage d’affronter les électeurs, mais il ne le fera pas », a accusé Geoffrey Cox. « Il ne le fera pas parce que beaucoup d’entre eux (les députés) veulent réellement nous empêcher de quitter l’Union européenne. » Presque étranglé par la colère, le travailliste Barry Sheerman a rétorqué en dénonçant la « manipulation cynique » du gouvernement pour tenter de faire taire le Parlement avant le Brexit, qu’il souhaite mettre en œuvre à tout prix le 31 octobre, dans 36 jours. Sans expliquer comment, Geoffrey Cox a toutefois assuré que l’exécutif respecterait une loi votée dans l’urgence, avant la suspension, l’obligeant à demander un délai en cas de « no deal » avant l’échéance. Suspendu depuis le 10 septembre, le Parlement devait le rester jusqu’au 14 octobre, à seulement deux semaines de la date prévue du Brexit. Mais cet ajournement a été jugé « illégal » par la plus haute juridiction du pays, qui a estimé qu’il entravait le bon fonctionnement du Parlement.

Si elle a été saluée comme une bonne nouvelle pour la démocratie par les adversaires de Boris Johnson, la décision des juges suprêmes a fâché les brexiters. Comme le ministre des Relations avec la Chambre des communes Jacob Rees-Mogg, qui a fustigé un « coup d’État constitutionnel », selon les médias britanniques. « Nous ne vous aimons pas  ! » titre le tabloïd The Sun à l’adresse de la présidente de la cour, Lady Brenda Hale, qui avait livré d’un ton calme un réquisitoire sans concession contre l’ajournement du Parlement. Le Daily Mail s’interroge : « Qui gouverne ce pays  ? » Et, pour le Daily Telegraph, proche des tories, Boris Johnson est « vu comme le défenseur du peuple contre un establishment déterminé à stopper le Brexit ».
Le dirigeant conservateur a assuré mardi 24 septembre respecter la décision de la Cour suprême, même s’il n’est « pas du tout d’accord » avec elle, y voyant également une tentative d’entraver le Brexit. « Il y a beaucoup de gens qui veulent empêcher ce pays de sortir de l’UE », avait-il réagi à New York, où il participait à l’Assemblée générale de l’ONU. Il avait alors réitéré son appel à des élections anticipées, qui lui permettraient de sortir du bourbier et d’avoir les coudées plus franches pour déployer sa stratégie sur le Brexit, jusqu’ici systématiquement mise en échec au Parlement depuis son arrivée au pouvoir fin juillet.

« Je ne pense pas que le gouvernement doive s’excuser pour faire progresser notre sortie de l’Union européenne », a commenté Michael Gove, ministre chargé des préparatifs d’un « no deal », mercredi sur la BBC. Sur le terrain diplomatique, Boris Johnson répète avoir bon espoir de pouvoir conclure un accord de divorce avec Bruxelles, même si les dirigeants européens sont loin de partager son optimisme.

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