Le Royaume-Uni est le premier pays à quitter l’Union européenne

Ce vendredi, le Royaume-Uni devient le premier pays à quitter l’Union européenne. Le Brexit est prévu à 23 h (heure de Londres et GMT), trois ans et demi après son vote par 52 % des Britanniques au référendum de 2016.

Après avoir été repoussé trois fois et semé la zizanie des foyers britanniques aux bancs du Parlement, le Brexit est prévu à 23 h (heure de Londres et GMT), trois ans et demi après son vote par 52 % des Britanniques au référendum de 2016.

Ce clap de fin n’en est pas vraiment un : il marque le début d’une deuxième saison dans la saga du Brexit, celles des complexes négociations sur les liens qui uniront Londres et Bruxelles après une transition jusqu’au 31 décembre. Celles peut-être aussi d’un rapprochement avec l’allié historique américain, Donald Trump s’étant montré un enthousiaste soutien de ce divorce synonyme selon lui de nouvelles perspectives économiques.

« C’est le moment d’un vrai renouveau et changement national », doit dire le Premier ministre Boris Johnson dans un discours à la nation une heure diffusé avant le grand saut, tandis qu’une horloge lumineuse projetée sur Downing Street lancera le compte à rebours.

Champion du Brexit, élu à une large majorité en décembre sur la promesse de le réaliser, le conservateur souhaite « unifier » pour aller « de l’avant ». La tâche s’annonce difficile. Selon un sondage de l’institut YouGov, seuls 30 % des partisans du « Remain » ont accepté la rupture.

Le jour a beau être historique, il n’entraînera pas de grand changement concret dans l’immédiat, si ce n’est le retour du passeport bleu, préféré au bordeaux européen, ou la fermeture du ministère du Brexit, qui perd sa raison d’être.

Pour que la séparation se fasse en douceur, le Royaume-Uni continuera d’appliquer les règles européennes, sans avoir voix au chapitre, durant la période de transition.

« Le Royaume-Uni quitte toutes les institutions politiques européennes », explique Jill Rutter, du centre de réflexion Institute for Government. « Pour les gens ordinaires et les entreprises, rien ne change. »

Il n’empêche, les eurosceptiques les plus fervents comptent bien marquer l’événement, leur figure de proue Nigel Farage en tête, qui voit un vieux rêve se réaliser. Il a prévu une fête devant le Parlement, dont la célèbre cloche Big Ben, en travaux, restera toutefois muette.

Une pièce spécial Brexit de 50 pence (60 centimes de l’euro que le Royaume-Uni a toujours refusé d’adopter) entrera aussi en circulation.

À l’opposé, l’ex-eurodéputé libéral-démocrate Antony Hook a étendu sur les falaises de Douvres une banderole de 150 mètres carrés témoignant de son amour pour l’Europe : « Nous aimons toujours l’UE ».

Et dans l’europhile Écosse, où le Brexit a ravivé les velléités d’indépendance, le drapeau européen continuera à flotter devant le Parlement.

La concrétisation du Brexit est une victoire pour le frétillant Boris Johnson, qui a réussi là où la précédente locataire de Downing Street, Theresa May, s’était cassé les dents, enchaînant les déconvenues au Parlement.

Après avoir renégocié à l’automne le texte avec Bruxelles, l’ex-maire de Londres est parvenu à le faire adopter fin janvier, fort d’une solide majorité parlementaire, avant sa ratification au Parlement européen lors d’une séance chargée en émotions pour les eurodéputés britanniques sur le départ.

« Nous vous aimerons toujours et nous ne serons jamais loin », a promis la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Le traité règle les modalités du divorce en garantissant notamment les droits des citoyens expatriés et en résolvant le casse-tête de la frontière entre les deux Irlande.

Mais les déclarations d’amour feront très bientôt place à de difficiles tractations entre le Royaume-Uni et les 27 pour déterminer les contours de leur relation en matière commerciale, de sécurité ou de pêche.

Londres souhaite aboutir en un temps record, avant la fin de l’année, et exclut toute prolongation de la transition au-delà de 2020. Un calendrier jugé très serré à Bruxelles.

Boris Johnson, qui devrait détailler sa vision en début de semaine prochaine, a déjà clairement annoncé qu’il ne voulait pas d’alignement avec les règles communautaires.

Parallèlement, symbole de la liberté retrouvée, il veut négocier ses propres traités de libre-échange avec d’autres pays, lorgnant en particulier les États-Unis. À Londres jeudi, veille du jour J, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a fait miroiter d’« énormes bénéfices » pour les deux pays.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page