Les autorités tunisiennes ferment les bureaux du mouvement Ennahdha

Les autorités tunisiennes ont fermé les bureaux du mouvement islamo-conservateur Ennahdha dans tout le pays, au lendemain de l’arrestation de son chef, Rached Ghannouchi.

“Nous menons une guerre sans merci contre toute partie tentant de porter atteinte à l’État et à ses institutions”, a déclaré le président tunisien, ciblant au passage les dizaines d’opposants politiques comme médiatiques arrêtés depuis février dernier, comme le relève le média tunisien Kapitalis.

Après l’arrestation de Rached Ghannouchi, président du parti d’opposition islamiste Ennahda, en début de semaine, Saied a plaidé pour une “guerre de libération nationale” mardi, au cours d’un discours prononcé au palais présidentiel de Carthage, alors qu’il rendait hommage aux forces de sécurités intérieures.

« Une force de police s’est présentée au siège principal du parti à Tunis et a ordonné à tous ceux qui s’y trouvaient d’en sortir avant de le fermer », a affirmé un des dirigeants d’Ennahdha, Riadh Chaibi.

« La police a aussi fermé les autres bureaux du parti partout dans le pays et interdit toute réunion dans ces locaux », a-t-il ajouté. Cette mesure a été prise au lendemain de l’arrestation du chef du parti, Rached Ghannouchi, à son domicile à Tunis. Par ailleurs, le chef du Front de salut national (FSN), principale coalition d’opposition dont fait partie Ennahdha, a affirmé que la police avait interdit mardi 18 avril une conférence de presse que son groupe s’apprêtait à tenir pour réagir à l’arrestation de M. Ghannouchi.

« La police a empêché la tenue de la conférence de presse et déployé des barrières devant le siège du parti », a déclaré Ahmed Néjib Chebbi.

Selon une circulaire du ministère de l’Intérieur reproduites par les médias, les réunions dans les bureaux d’Ennhadha sur tout le territoire et celle du FSN dans la région du Grand Tunis ont été interdites à partir de mardi en vertu de l’Etat d’urgence en vigueur dans le pays. Sans évoquer l’arrestation de M. Ghannouchi, le président Saied, parlant lors d’une cérémonie d’hommage aux service de sécurité, a appelé la justice à « assumer son rôle dans cette phase que le pays traverse ».

Le porte-parole officiel de la Garde nationale, Houssem Eddine Jebabli, a annoncé mercredi matin que le siège central du mouvement Ennahdha a été fermé en raison de l’enquête menée par la Cinquième Brigade centrale de lutte contre les crimes liés à la technologie de l’information et de la communication.

Dans une déclaration accordée à Diwan FM, Le porte-parole a également indiqué que les maisons de tous les sept suspects, y compris le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, seraient soumises à une perquisition.

Par contre, Jebabli a démenti l’information indiquant la fermeture des sièges régionaux et locaux d’Ennahdha.

M. Ghannouchi, 81 ans, qui dirigeait le Parlement dissout, est l’opposant le plus en vue à être arrêté depuis que Kais Saied s’est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.

Son arrestation survient après des déclarations rapportées par des médias, dans lesquelles M. Ghannouchi a affirmé ce week-end que la Tunisie serait menacée d’une « guerre civile » si l’islam politique, dont est issu son parti, y était éliminé. Une source au ministère de l’Intérieur citée par les médias tunisiens a confirmé que l’arrestation de M. Ghannouchi était liée à ces déclarations.

Depuis début février, les autorités ont incarcéré plus de 20 opposants et des personnalités parmi lesquelles des ex-ministres, des hommes d’affaires et le patron de la radio la plus écoutée du pays, Mosaïque FM. Le Président Saied, accusé par l’opposition de dérive autoritaire, a qualifié les personnes arrêtées de « terroristes », affirmant qu’elles étaient impliquées dans un « complot contre la sûreté de l’Etat ». Après son coup de force, M. Saied a fait réviser la Constitution pour instaurer un système ultra-présidentialiste aux dépens du Parlement, qui ne dispose plus de réels pouvoirs, contrairement à l’Assemblée dissoute dominée par Ennahdha.

par: Arab Observer

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