Mondial-2018 : face aux Croates, les Bleus veulent exorciser 2016






Alors que la France s’apprête à défier la Croatie dimanche lors de la finale de la Coupe du monde, les hommes de Didier Deschamps ont l’occasion de prendre leur revanche sur 2016 et cette finale perdue à domicile face au Portugal de Ronaldo.

Après la finale de l’Euro-2016, voici les Bleus tout près d’un sacre lors du Mondial-2018 en Russie. Deux finales de compétitions majeurs en deux ans. Pour bien des sélections nationales, un tel bilan serait hors du commun. Mais pour les hommes de Didier Deschamps, une finale, ça se gagne sinon ça ne compte pas. Ils voient dans leur match du dimanche 15 juillet face à la Croatiel’occasion de prendre une revanche sur eux-mêmes après la frustrante défaite en finale de l’Euro à domicile face au Portugal.

La France s’était inclinée contre la Seleçao européenne, en dépit d’un scénario favorable après la sortie sur blessure de Cristiano Ronaldo dès la 25e minute. Les Bleus ne sont jamais parvenus à faire sauter la muraille portugaise, à l’image de ce tir d’André-Pierre Gignac dans les arrêts de jeu, repoussé par le poteau. Eder avait ensuite puni les Français avec un but en prolongation.

“Le match de notre vie”

Chez les Bleus, la douleur est vivace et fait figure de rappel : “Elle est tellement proche cette Coupe qu’on a envie de la toucher. Mais avant de la toucher, il y a 90 minutes, voire 120. Il va falloir tout donner. Je pense que c’est le match de notre vie”, a lancé Blaise Matuidi vendredi 13 juillet.

L’expérimenté milieu de terrain de 31 ans, reconverti ailier pour cette Coupe du monde, l’a avoué. Le triste dénouement de l’Euro-2016 reste dans les têtes.

“Les larmes ont séché mais c’est encore dans un petit coin de la tête et tant mieux, ça doit servir pour dimanche. Ça sert de leçon, on sait ce que c’est qu’une finale. On va l’aborder différemment et espérer faire un grand match pour gagner”, insiste le joueur de la Juventus.

“Je connais le goût de la défaite en finale”

Sauf surprise, six joueurs titulaires lors de la finale de 2016 tiendront leur place face à la Croatie. Le gardien et capitaine Lloris est toujours là, tout comme Samuel Umtiti, Olivier Giroud, Antoine Griezmann, et Paul Pogba. Ce dernier s’est d’ailleurs exprimé sur ce douloureux souvenir jeudi 12 juillet, lors d’une conférence de presse.

“On n’est pas arrivés si loin pour lâcher. Je connais le goût de la défaite en finale, c’est vraiment pas bon, très amer… On ne va pas l’aborder comme à l’Euro, on veut vraiment finir bien, avec le sourire”, a lancé Paul Pogba, qui est enfin devenu, au fil du mondial russe, un des patrons de l’Équipe de France

Le milieu de Manchester United veut croire que les leçons du passé ont été retenues. À l’Euro, “on pensait que c’était déjà fait, la mentalité n’était pas pareille, a confié Pogba. Franchement, quand on a gagné contre l’Allemagne (2-0 en demi-finale, NDLR), on pensait que c’était ça la finale. Contre les Portugais, avec leur parcours, on s’est dit que c’était gagné d’avance, c’était ça notre erreur. Maintenant, ce n’est pas pareil, on est tous conscients, concentrés.”

Pour ne pas se voir trop beau après leur prestation maîtrisée face à la Belgique, outsider tombeur du Brésil de Neymar, le meneur de jeu français préfère éluder toutes velléités visant à faire de la France le favori face à une Croatie jamais sacrée.

“Le statut de favori ? On n’y pense pas”, assure Pogba. “Les Croates n’ont rien lâché contre l’Angleterre, ils perdaient 1-0 et ils sont revenus” pour gagner 2-1 après prolongation. “C’est sûr, les Croates n’ont pas d’étoile, ils en veulent une. Ils ont fait un très beau parcours, ils veulent la victoire. Comme nous.”

Didier Deschamps veut faire l’histoire

Mais au-delà des joueurs, le plus frustré d’entre tous reste certainement leur sélectionneur, Didier Deschamps, tant l’homme est au fil de sa carrière apparu comme un “ambassadeur de la gagne”, d’abord en tant que joueur puis comme entraîneur.

“La Deche” était le capitaine des Bleus lors du doublé historique Mondial-98 et Euro-2000. Toujours avec le brassard, le Basque a aussi soulevé la seule Ligue des champions remportée par un club français avec Marseille en 1993, puis une autre C1 avec la Juventus Turin (1996), en Italie. Entraîneur, il est parvenu à hisser Monaco jusqu’à la finale de Ligue des champions en 2004 et a porté Marseille vers le titre de champion de France en 2010.

En 2016, au soir de la défaite, “Dédé” avait exprimé sa frustration en retirant la médaille de consolation. Puis en conférence de presse, il avait glissé : “Ce sera dur à digérer”, avant de retomber dans une communication plus traditionnelle : “Cette déception, elle est énorme mais il ne faut pas oublier le parcours, le soutien et l’engouement des Français. C’est dur aussi pour nos supporters, on aurait aimé leur offrir ce titre.”

Deux ans plus tard, à 49 ans, le technicien s’apprête à diriger l’équipe de France dans une finale de Coupe du monde, son 83e match sur le banc des Bleus et de très loin le plus important.

Si Deschamps venait à remporter ce mondial, en tant que coach, il deviendrait le troisième homme à réussir ce genre de doublé (joueur-sélectionneur) après le Brésilien Mario Zagallo et l’Allemand Franz Beckenbauer. Une manière d’entrer dans l’histoire et d’effacer les cicatrices de 2016.

Dans cette tâche, Didier Deschamps n’est pas sans armes. Outre les six déjà présents en 2016, il peut s’appuyer sur une myriade de nouveaux talents : Varane, blessé à l’Euro, est de retour et a revêtu le costume de patron de la forteresse bleue. Dans les couloirs, Hernandez et Pavard sont d’ores et déjà les révélations de ce mondial. Au milieu, l’inépuisable N’Golo Kanté s’est imposé comme titulaire après avoir assisté impuissant à la finale depuis le banc. Et enfin, le phénoménal Kylian Mbappé qui, à 19 ans à peine, est capable de dynamiter n’importe quelle défense.

Ça vaut bien une deuxième étoile non ?


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