Réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Cachemire, théâtre d’affrontements

Le Conseil de sécurité de l’ONU a entamé vendredi une réunion à huis clos très attendue sur la situation au Cachemire indien, où des heurts ont opposé des centaines de manifestants à la police, Donald Trump appelant de son côté l’Inde et le Pakistan au dialogue.

Le président américain a lancé cet appel après s’être entretenu au téléphone avec le Premier ministre pakistanais Imran Khan en amont de cette réunion à l’ONU, la première depuis des décennies ayant trait à cette région montagneuse très majoritairement peuplée de musulmans pour laquelle l’Inde et le Pakistan se sont déjà livré deux guerres.

“Le président (Trump) a rappelé l’importance pour l’Inde et le Pakistan de réduire les tensions à propos (de l’Etat) du Jammu-et-Cachemire par l’intermédiaire d’un dialogue bilatéral”, a annoncé la Maison Blanche.

Imran Khan a quant à lui “exposé en détail le point de vue du Pakistan au président Trump”, les deux dirigeants ayant décidé qu'”ils resteraient en contact constant”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi.

Sur la défensive, l’Inde a dénoncé des ingérences de la communauté internationale dans ce dossier : “nous n’avons pas besoin que des fouineurs internationaux viennent nous dire comment agir. Nous sommes un pays de plus d’un milliard d’habitants”, s’est insurgé l’ambassadeur d’Inde aux Nations unies, Syed Akbaruddin. Des déclarations conformes à la position traditionnelle de New Delhi, qui s’oppose aux discussions à l’ONU sur le Cachemire, considérant qu’il s’agit de ses affaires intérieures.

Autre facteur contribuant à la tension, l’Inde a laissé entendre vendredi qu’elle pourrait remettre en cause sa doctrine de non recours en premier à l’arme nucléaire, dans un contexte de tensions accrues avec le Pakistan. “L’Inde a strictement adhéré à cette doctrine. Ce qui se produira à l’avenir dépend des circonstances”, a averti le ministre indien de la Défense Rajnath Singh.

– Gaz lacrymogène –

Mercredi, Imran Khan avait affirmé que son armée était “prête” à “donner une réponse ferme” aux forces indiennes si elles décidaient d’intervenir dans la partie du Cachemire contrôlée par le Pakistan.

Sur place, des affrontements ont eu lieu vendredi à Srinagar, la capitale du Cachemire indien, où ont été assouplies certaines restrictions imposées à la circulation. Des centaines de manifestants ont affronté la police, qui a fait usage de gaz lacrymogène et de projectiles de petit calibre pour les disperser, selon un journaliste de l’AFP.

Les manifestants tentaient de défiler sur l’artère principale, jetant des pierres sur la police tout en se protégeant avec des boucliers improvisés, tandis qu’un drone survolait la zone.

“Nous essayons de briser le siège et de nous rendre dans le centre-ville mais la police recourt à la force pour nous en empêcher”, a expliqué à l’AFP un manifestant. Le mouvement ne cessera pas “tant que nous n’aurons pas obtenu une indépendance complète de l’Inde”, a averti un autre protestataire.

Toujours à Srinagar, Jama Masjid, la plus grande mosquée de la région himalayenne, d’une capacité de plus de 30.000 fidèles, est restée fermée vendredi, jour de prière pour les musulmans, a raconté à l’AFP un haut responsable de la police au Cachemire, Mounir Khan.

La population n’est pour l’instant autorisée à prier que dans des mosquées plus petites afin d’éviter des rassemblements trop importants. Le gouvernement a confirmé que des affrontements avaient eu lieu après la prière musulmane il y a une semaine.

Le téléphone et internet sont restés coupés pour le douzième jour consécutif. Ce black-out et de fortes restrictions à la circulation avaient été imposés le 4 août, la veille de l’annonce de la révocation du statut d’autonomie du Cachemire indien.

Redoutant des manifestations de masse, New Delhi a déployé quelque 80.000 paramilitaires supplémentaires pour surveiller la mise en œuvre de la décision surprise du Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi. Un demi-million de soldats s’y trouvent déjà en temps normal.

– Black-out –

Les employés de l’administration ont reçu l’ordre de se présenter au travail à partir de vendredi. Les commerces restent en revanche fermés. Quant aux écoles, les autorités n’envisagent de les rouvrir que la semaine prochaine.

“Nous prenons des dispositions pour que tous les bureaux du gouvernement commencent à fonctionner normalement à partir de lundi”, a déclaré un fonctionnaire cité par l’agence de presse Press Trust of India (PTI). “Même si les services téléphoniques doivent être rétablis, ils le seront de manière progressive “.

Plusieurs manifestations s’étaient déjà déroulées malgré le black-out, dont une ayant regroupé environ 8.000 personnes.

D’après la presse indienne, les autorités ont arrêté quelque 500 personnes, parmi lesquelles des hommes politiques cachemiris, des professeurs d’université et des chefs d’entreprise. Un journaliste a également été interpellé mercredi soir, selon le quotidien Indian Express.

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