Crise au Cachemire : le Pakistan manifeste à l’appel d’Imran Khan

Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a orchestré vendredi une manifestation nationale dédiée à la crise au Cachemire indien avec l’intention affichée de faire monter la pression sur son homologue Narendra Modi avant l’assemblée générale de l’ONU fin septembre.

Des milliers de Pakistanais, répondant à son appel, sont descendus dans les rues pour protester contre la politique de bouclage drastique menée depuis plusieurs semaines par New Delhi dans la partie du Cachemire sous son contrôle.

Les tensions demeurent très vives entre les deux grands voisins sud-asiatiques dotés de l’arme nucléaire depuis l’annonce début août par les autorités indiennes de la révocation de l’article 370 de la Constitution qui conférait un statut spécial à cette région himalayenne du Jammu-et-Cachemire.

Le territoire en est à sa 4e semaine de couvre-feu et de blocage des communications et des milliers de personnes ont été arrêtées, ont indiqué des sources locales à l’AFP.

Ces actions ont soulevé une forte émotion au Pakistan qui multiplie les protestations. Le Cachemire est disputé par l’Inde et le Pakistan depuis le partition de l’empire colonial britannique des Indes en 1947 et est divisé de fait entre les deux frères ennemis d’Asie du Sud.

A midi (07H00 GMT) vendredi, les sirènes ont résonné dans l’ensemble du pays et les chaînes de télévision ont diffusé les hymnes du Pakistan et du Cachemire. Le trafic routier a été interrompu pendant plusieurs minutes.

Cette manifestation nationale se veut la première d’une série avant le départ de M. Khan pour l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre à New York, où il a promis de mettre le sujet sur la table et de jouer le rôle d’ambassadeur pour sa population.

Dans la capitale Islamabad, des milliers de personnes se sont rassemblées devant les bâtiments du gouvernement où l’ex-champion de cricket a prononcé un discours à la Nation, promettant de poursuivre la lutte pour le Cachemire et de “se battre pour sa cause dans chaque forum, jusqu’à ce qu’il soit libéré”.

“Aujourd’hui, nous voulons dire aux Cachemiris que nous sommes tous avec eux, que nous partageons leur souffrance”, a-t-il déclaré, s’en prenant vivement à son homologue indien Narendra Modi, dont il a comparé le gouvernement à celui de l’Allemagne nazie.

Des milliers de Pakistanais ont également manifesté dans les grandes villes de Lahore (est) et Karachi (sud), scandant des slogans et agitant des drapeaux.

“Peu importe ce que fait l’Inde, peu importe ce que fait Modi, le Cachemire est à nous. Il nous appartient et nous n’allons pas rester à rien faire alors que nos frères cachemiris sont opprimés par les Indiens”, a lancé Sadaf Mirza, étudiant de 24 ans, à Lahore.

– “Menace nucléaire” –

Dans une tribune parue dans le quotidien américain New York Times, Imran Khan a estimé “impératif que la communauté internationale réfléchisse au-delà de ses avantages commerciaux et économiques”.

“La Seconde Guerre mondiale s’est produite suite à (une politique) d’apaisement à Munich. Une menace similaire plane à nouveau sur le monde mais cette fois sous la menace (de l’arme) nucléaire”, a-t-il mis en garde.

Le Pakistan majoritairement musulman et l’Inde hindou se sont livré trois guerres depuis leur indépendance et leur partition en 1947 dont deux au sujet du Cachemire.

Après la partition, le Cachemire a été divisé en deux parties, 37% pour le Pakistan et 63% à l’Inde, séparées par une Ligne de contrôle (LoC), frontière de facto. La résolution de l’ONU qui dès 1948 prévoyait l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Cachemire est restée lettre morte face à l’opposition de New Delhi.

Les dernières manifestations interviennent alors que l’armée pakistanaise a annoncé jeudi  avoir testé un missile sol-sol capable selon elle de porter “différents types d’ogive”.

Le président américain Donald Trump, après avoir plusieurs fois dit qu’il était prêt à s’impliquer dans ce dossier “explosif”, a fait machine arrière après une rencontre lundi avec Narendra Modi en marge du G7 en France.

En février, les deux puissances nucléaires étaient passées à deux doigts d’un nouveau conflit armé après la mort d’une quarantaine de paramilitaires au Cachemire indien dans un attentat revendiqué par un groupe extrémiste établi au Pakistan.

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