Les manifestations étudiantes contre la politique d’Erdogan se poursuivent

En Turquie, la colère ne faiblit pas sur le campus de l’une des meilleures universités du pays, celle du Bosphore. Une large partie des étudiants et des enseignants réclament la démission de leur nouveau recteur, un proche du parti au pouvoir nommé le 2 janvier par le président Recep Tayyip Erdogan. Une nouvelle manifestation était organisée ce vendredi 8 janvier sur lecampus de cet établissement public d’Istanbul.

La soudaine promotion de Melih Bulu, un universitaire falot mais doté de bons états de service au sein du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur, au pouvoir depuis 2002), a suscité l’ire des étudiants, de l’association des anciens élèves et d’une partie du corps professoral, lequel lui a ostensiblement tourné le dos, mardi, alors qu’il prononçait son discours d’investiture.

Plus d’un millier d’étudiants, parmi lesquels 36 ont été arrêtés, manifestent depuis plusieurs jours contre la décision du président turc de nommer un membre de son parti à la tête de cette pépinière de l’élite intellectuelle du pays.

Echauffourées, jets de gaz lacrymogène, coups, arrestations : l’année 2021 a commencé sous le signe de l’agitation sur le campus de l’université du Bosphore, à Istanbul, où, pour la troisième journée consécutive mercredi 6 janvier, plus d’un millier d’étudiants ont protesté contre la nomination d’un nouveau recteur sur décret du président Recep Tayyip Erdogan.

« La police menotte l’université du Bosphore ! », s’est ému Cumhuriyet, le quotidien de l’opposition républicaine, tandis que l’hebdomadaire satirique Leman caricaturait Melih Bulu juché sur un cheval, paré de la bannière AKP, lancé « à la conquête » du vieil établissement d’enseignement.

« Les universités sont à nous », « Nous ne voulons pas d’un recteur parachuté ! », ont scandé les manifestants avant d’être dispersés par les forces de police, nombreuses sur le campus, dont un accès avait été verrouillé, les grilles d’entrée fermées par des menottes. Selon l’agence de presse étatique Anadolu, 36 étudiants ont été arrêtés depuis mardi.

La nomination du nouveau recteur par décret a choqué les milieux académiques, persuadés qu’elle marque la fin du statut d’exception pour Bogazici. « Les recteurs devraient être cooptés et non pas nommés », a écrit un groupe d’enseignants de l’université dans un communiqué transmis aux médias dimanche. Le collectif critique le parachutage d’une personnalité « extérieure à l’établissement », du jamais-vu « depuis le coup d’Etat militaire de 1980 ».

par: Arab Observer

 

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