La Chambre des représentants renvoie le cas de Trump devant le Sénat

Le président américain a été formellement accusé d’abus de pouvoir et d’entrave au Congrès par la Chambre des représentants mercredi soir.

Donald Trump a été renvoyé mercredi en procès au Sénat dans le cadre d’une procédure de destitution («impeachment»). Celui qui devient ainsi le troisième président de l’histoire des États-Unis à subir ce sort a immédiatement dénoncé la «haine» des démocrates.

La Chambre des représentants, dominée par les démocrates, s’est prononcée en faveur de l’«impeachement» du milliardaire républicain de 73 ans à l’issue d’un débat acrimonieux entre deux camps aux vues irréconciliables reflétant les profondes divisions de l’Amérique. Il appartiendra désormais au Sénat de juger Donald Trump, sans doute en janvier. Les républicains, qui contrôlent la chambre haute, ont déjà prévenu qu’ils avaient la ferme intention d’acquitter leur président.

Le 45e président des États-Unis, qui entend briguer un deuxième mandat en novembre 2020, était visé par deux articles de mise en accusation – abus de pouvoir, parce qu’il a demandé à l’Ukraine d’enquêter sur un de ses rivaux potentiels à la présidentielle et entrave à la bonne marche du Congrès, en raison de son refus de participer à l’enquête en destitution le visant.
Le premier article a été adopté avec 230 voix pour, 197 contre et une abstention. Le second article a été adopté avec 229 voix pour, 198 contre et une abstention. Dans les deux cas, le vote a suivi, à une poignée de voix près, de strictes lignes partisanes.

Ce vote à la Chambre des représentants, qui intervient à moins d’un an du scrutin présidentiel, est en tout point historique. Seuls deux autres présidents – Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998 – ont vécu une mise en accusation. Le républicain Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate, avait préféré démissionner en 1974 avant de subir telle avanie.
Dans un spectaculaire télescopage, la décision est tombée au moment même où Donald Trump était à la tribune pour un meeting de campagne à Battle Creek, dans le Michigan, à environ 1000 km de Washington. Immédiatement, Donald Trump a dénoncé la «haine» de la «gauche radicale» au Congrès. Il a aussi accusé les démocrates de vouloir «annuler» le vote de millions d’Américains.

Pour les républicains, la procédure de destitution est «une blague absolue», une «supercherie», qui ne s’appuie sur «aucun fait» et est motivée par l’aversion des démocrates pour un président qui brise les codes. «Ils ne détestent pas seulement Donald Trump, ils détestent les 63 millions d’Américains qui ont voté pour ce président», a lancé l’élu républicain Steve Scalise.
Faux, ont répondu à l’unisson les parlementaires démocrates. Les poursuites contre le président n’ont rien à voir avec des considérations personnelles ou des divergences politiques, ont-ils assuré. Il s’agit, selon eux, de «protéger la Constitution», «la démocratie» ou encore «l’état de Droit» menacés par un président qui se croit «au-dessus des lois» comme «un monarque».

Mais pour les démocrates, l’ancien homme d’affaires a trahi le serment de sa fonction. «Il était prêt à sacrifier notre sécurité nationale (…) pour améliorer ses chances de réélection», a accusé Adam Schiff, qui a supervisé l’enquête contre le milliardaire républicain. «Il a essayé de tricher et il a été pris», a-t-il ajouté depuis la tribune, en assurant que «le danger persistait».
En cause, un chantage auquel Donald Tump et quelques-uns de ses proches auraient soumis le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Le 25 juillet, un échange téléphonique entre les deux dirigeants met le feu aux poudres. Donald Trump demande à ce président novice en politique, en proie à un conflit armé avec la Russie, d’annoncer une enquête anti-corruption contre le démocrate Joe Biden et son fils Hunter, ex-membre du conseil d’administration d’une entreprise gazière ukrainienne.
Ancien vice-président, Joe Biden mène la danse dans la primaire démocrate pour l’élection présidentielle et apparaît comme l’adversaire le plus dangereux pour le sortant républicain. Un faisceau d’informations concordantes et de témoignages semble de plus attester qu’un lien avait été établi entre une annonce éventuelle de ces investigations et le déboursement d’une aide militaire américaine pour l’Ukraine.

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