La Tunisie après la chute du gouvernement Habib Jemli

En Tunisie, le Parlement a refusé sa confiance au gouvernement dirigé par Habib Jemli, proposé par le parti d’inspiration islamiste Ennahdha. Selon la Constitution, c’est désormais le président de la République Kaïs Saied qui, après consultations, va devoir désigner un nouveau Premier ministre. Très vite après le vote de rejet des députés, des responsables politiques emmenés par Nabil Karoui ont annoncé avoir créé un front parlementaire susceptible de gouverner.

Ce revers vient ainsi signer l’échec du patron d’Ennahdha et président du Parlement, Rached Ghannouchi, qui menait en coulisses les discussions et qui n’a pas su convaincre.

« Il n’y avait pas une majorité de personnalités proches d’ Ennahdha mais il y avait certaines personnalités qui dérangeaient, notamment sur des ministères régaliens. Les postes qui posaient problème étaient les postes du ministre de l’Intérieur. La personne qui a été désignée n’est pas appréciée par plusieurs acteurs de la société civile qui ont défendu le dossier de Chokri Belaïd, le responsable politique qui a été assassiné en 2013. Ils l’accusent de parti pris dans cette affaire-là. Pour le ministère de la Justice, il s’agit d’un juge qui, en 2003, a suspendu les travaux de la commission exécutive de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, sur ordre du régime de Ben Ali. Ce sont donc des gens qui ne sont pas tout à fait nets. Et cela ne satisfaisait pas les autres partis en négociation », souligne Selim Kharrat.

Plusieurs observateurs, et jusqu’au Premier ministre Jemli désigné qui a finalement été rejeté, Habib Jemli, ont néanmoins salué “une réussite pour la démocratie tunisienne”, soulignant que le rejet était le signe que les institutions fonctionnaient de façon transparente.

“Ce n’est pas une crise politique, car il y a un parcours institutionnel et démocratique balisé pour la suite”, souligne Kharrat.

En revanche, rien ne permet de prévoir l’issue de ce nouveau round de négociations pour tenter de former une coalition gouvernementale.

Selon le politologue Selim Kharrat, “Ennahdha va tenter de garder un pied dans le futur gouvernement, mais cela sera très dur pour eux de peser dans les négociations, surtout si de petits blocs se réunissent” pour lui faire face.

Nabil Karoui, chef du parti Qalb Tounes, seconde force au Parlement (38 sièges), s’est présenté comme alternative, évoquant une “initiative nationale” fédérant des blocs et partis disparates.    

“Nous assurons aux Tunisiens que nous n’allons pas vers l’inconnu et qu’il y a des garanties constitutionnelles et qu’il y a le président de la république et le parlement”, a déclaré le villageois.

  Il a ajouté: “Nous rencontrons plus tard ces blocs qui dépassent 90 représentants, pour présenter une initiative nationale pour le reste des partis et des blocs, et nos principaux sont étendus à tous. Nous consultons le reste des partis et des blocs conformément à la  constitution à la prochaine étape de la formation du gouvernement “.

Il a cité les nationalistes arabes de Echaab, les libéraux de Tahya Tounes et du bloc de la réforme nationale, des indépendants. 

Le parlement tunisien a voté contre l’octroi de la confiance au gouvernement de Habib Jemli , et selon le résultat du vote annoncé par le président du Parlement Rashid Ghannouchi, 72 députés ont voté en faveur de la confiance du gouvernement, tandis que 3 députés ont réservé des réserves, avec 134 députés opposés.

 L’acte 89 de la constitution stipule que le président de la République doit consulter les partis, coalitions et blocs parlementaires pour désigner la personnalité la plus compétente pour former un gouvernement dans un délai maximum d’un mois au cas où le premier parti aux élections législatives ne formerait pas le gouvernement dans les deux mois au plus tard.

 Et si quatre mois se sont écoulés depuis les résultats définitifs des élections législatives et que les membres de l’Assemblée populaire n’ont pas donné confiance au gouvernement, le président de la République peut dissoudre le Parlement populaire et demander de nouvelles élections législatives dans un délai de 45 jours et 90 jours maximum.

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