L’attention se déplace vers la Réserve fédérale américaine

La Réserve fédérale américaine (Fed) est confrontée à un choix épineux, ce mercredi 22 mars. À l’issue de sa réunion de politique monétaire, la banque centrale américaine annoncera si elle continue à remonter ses taux directeurs, pour tenter de ralentir l’inflation, ou si elle choisit de temporiser, pour donner un répit à son secteur bancaire.

La banque centrale américaine doit dire ce mercredi 22 mars si elle continue sa politique de resserrement monétaire, pensée pour enrayer l’inflation, ou si elle marque une pause pour rassurer les banques en pleine agitation depuis la chute de la Silicon Valley Bank.

Celui-ci est agité par de brutales turbulences depuis la chute de la Silicon Valley Bank (SVB) et des doutes persistent sur la solidité de la finance mondiale, dont le délitement pourrait créer une nouvelle crise économique majeure, après celle de 2008.

Depuis le mois de juin 2022, la Fed menait une politique dite « de resserrement monétaire », censée éteindre l’inflation apparue après la pandémie et qui se maintient depuis. Ainsi, en remontant ses taux directeurs, la banque centrale américaine « refroidit l’économie » pour accroître le coût du crédit.

En clair, en prêtant plus cher aux banques commerciales, elle les incite à prêter moins d’argent aux ménages et aux entreprises, et donc à réduire la consommation pour stabiliser les prix. Une méthode brutale et contestée, qui peut notamment conduire à accroître le chômage. Comme la Banque centrale européenne (BCE), la Fed a toutefois procédé à plusieurs hausses successives de ses taux directeurs. Et un nouveau resserrement était attendu ce 22 mars. Mais la crise bancaire, apparue dans le sillage de la faillite de la SVB, a rebattu les cartes. Les marchés parient désormais sur un relèvement plus faible qu’attendu.

En effet, pour gagner de l’argent, les banques placent les dépôts confiés par leurs clients. Elles optent notamment pour des titres financiers émis par les États afin de financer leur dette, comme des bons du Trésor. Or, avec la remontée des taux directeurs, la valeur de ces titres baisse. C’est ce qui a causé la chute de la Silicon Valley Bank début mars. La banque a soudainement dû vendre ses bons du Trésor dévalués alors que ses clients, pris de panique, souhaitaient retirer leurs dépôts. Bilan : la banque des start-up californiennes a réalisé une perte faramineuse, créant une situation de faillite.

Ce péril guette nombre de banques américaines, et notamment les banques régionales. Les marchés craignent qu’elles ne puissent pas toutes résister à une nouvelle hausse des taux directeurs par la Fed, et donc à nouvelle décote de leurs titres financiers.

Ce mercredi, la banque centrale américaine doit donc trancher un périlleux arbitrage. Elle a déjà opéré un coup de canif dans sa politique de resserrement monétaire ces derniers jours, en prêtant 165 milliards de dollars aux banques américaines qui craignaient de manquer de liquidités, et donc de devoir vendre leurs titres ayant subi une décote, ce qui aurait pour effet de réaliser des pertes qui ne sont pour le moment que « fictives ».

De son côté, la BCE a tranché la semaine dernière, en décidant d’augmenter à nouveau ses taux d’intérêt de 0,5 point. Sa présidente, Christine Lagarde, estime que le système bancaire européen est sûr et que les leçons de 2008 ont été tirées.

La BCE avait alors augmenté ses taux directeurs peu après la faillite de Lehman Brothers, aggravant la crise financière selon certains analystes. « J’étais là en 2008. Je me rappelle très bien. Le secteur bancaire est aujourd’hui dans une situation beaucoup plus solide », a assuré Christine Lagarde jeudi 16 mars, en mettant en avant les réformes engagées pour réguler la finance.

La BCE maintient donc sa politique pensée pour enrayer l’inflation. Mais, fait marquant, Christine Lagarde a enfin appelé à la tenue d’un débat politique sur un « partage adéquat » de ce « fardeau ». Une forme d’inflexion après des mois passés à mettre en garde contre une hausse trop importante des salaires, en considérant qu’ils viendraient nourrir la hausse des prix.

par: Arab Observer

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