Une aventure militaire, une nouvelle, permettra à Erdogan de se maintenir sur la scène politique

Grâce à l’alliance avec la coalition occidentale dans la guerre contre l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie, les Kurdes se sont forgé une notoriété et ont bâti un système gouvernance unique basé sur l’égalité et le partage. Le Rojava [Kurdistan syrien]est un modèle unique. La Turquie de Recep Tayyip Erdogan considère ce que j’appellerais une « jeune démocratie laïque » comme une menace pour sa sécurité nationale et pour sa politique expansionniste islamiste. Depuis l’invasion du canton d’Afrin en 2018, M. Erdogan n’a jamais caché ses ambitions d’envahir le Rojava. « Nous sommes entrés à Afrin, Djarabulus et Al-Bab et, maintenant, nous allons entrer à l’est de l’Euphrate. Tant que le harcèlement se poursuit, nous ne pouvons pas rester silencieux », a-t-il déclaré le 4 août.

Les motivations du Parti de la justice et du développement (AKP), soutenu par l’extrême droite, n’ont pas vraiment changé depuis l’invasion d’Afrin en 2018. La haine antikurde et arabe, intensifiée par la crise économique à laquelle les Turcs tentent de survivre depuis quelques années, fait monter la grogne de la population qui n’arrive plus à subvenir à ses besoins. Cette grogne populaire qui devient plus qu’audible en Turquie met en danger l’existence même du système bâti par l’AKP de M. Erdogan. Pour Recep Tayyip Erdogan, il s’agit de sauver l’AKP de la disparition. En vingt ans de présence au pouvoir, les notables de l’AKP et les islamistes qui le soutiennent sont devenus des hommes affaires à la tête d’une économie parfois souterraine. La bataille menée durement pour regagner la mairie d’Istanbul à la suite de la claque électorale du mois de mai était d’ordre vital pour M. Erdogan. La perte de cette mairie signifie l’ouverture de la boîte de Pandore pour l’AKP. Faute d’un accord avec Ekrem Imamoglu, nouveau maire d’Istanbul, les jours de l’AKP seraient comptés. L’opposition turque dispose de tous les dossiers sur les activités de l’AKP lui permettant d’embarrasser le parti majoritaire dans le pays. Une aventure militaire, une nouvelle, permettra à M. Erdogan de se maintenir sur la scène politique turque jusqu’à la prochaine élection présidentielle.

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