l’Afrique face à la pandémie de coronavirus

L’Afrique a dépassé le cap des 30 000 contaminations ce dimanche 26 avril : 31 091 cas positifs. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 1 393 personnes sur le continent, selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. 9 331 malades sont guéris. L’Afrique du Sud recense le plus de cas, mais l’Algérie, l’Egypte et le Maroc sont les trois pays qui dénombrent le plus de morts.
L’Afrique a dépassé ce dimanche le seuil des 30 000 contaminations, avec 31 091 cas pour 1 393 morts. Ces chiffres restent très faibles si on les compare avec ceux des autres régions du monde (au total, près de 3 000 millions de contaminations et plus de 200 000 morts). Certaines données restent toutefois à manipuler avec précautions, et celles de certains pays africains ne sont que rarement réactualisées.

La région la plus touchée est l’Afrique du Nord : l’Algérie, l’Egypte et le Maroc sont les trois pays qui enregistrent le plus de décès (419, 307 et 160). Mais le nombre de cas déclarés le plus élevé se trouve en Afrique du Sud (4 361). L’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale sont les plus épargnées, même si la situation de Djibouti inquiète (1 023 cas, 2 décès, le petit pays est le plus touché dans la Corne de l’Afrique). Le Cameroun recense lui 1 621 cas (pour 56 décès).
Face au Covid-19 et pour respecter les mesures barrières et consignes gouvernementales, certains pays rivalisent d’inventivité. Au Burkina Faso, le port du masque sera obligatoire dès ce lundi 27 avril, a annoncé le gouvernement. Pas forcément évident de se procurer un masque, surtout pour toutes les bourses… Alors plusieurs stylistes et créateurs de mode du pays se sont lancés dans la production de masques ou de cache-nez, nous raconte notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani.

Pour Serge Kader Lamizana, jeune styliste, l’essentiel est surtout de pouvoir offrir des masques au personnel soignant et aux patients dans les grandes villes du pays. Mais des lots de masques sont aussi distribuées aux populations démunies. Des masques soignés sur le plan esthétique, mais aussi efficaces, car élaborés avec le concours du laboratoire national de santé publique, qui a contrôlé les produits. L’atelier produit environ 150 masques par jour, et ne risque pas de réduire la voilure, avec l’annonce du port obligatoire du cache-nez dès ce lundi.
Le pays compte 629 cas pour 41 morts.
La très large communication des autorités malgaches autour du « Covid-Organics », supposé remède contre le coronavirus, ne convainc pas tout le monde sur la Grande Ile. La société civile se montre critique face à la gestion de la pandémie dans le pays. En cause notamment, l’excès de prise de parole politique pour vanter les vertus du breuvage, au détriment de l’expertise scientifique et médicale.

Plusieurs organisations ont publié des communiqués pour faire part de leur inquiétude. Elles s’alarment aussi du retour à l’école d’une partie des élèves, alors que leur sécurité ne peut être complètement assurée. L’organisation KMF/CNOE, qui œuvre pour l’éducation des citoyens, demande par la voix de son président à ce que les élèves ne soient pas contraints de boire du « Covid-Organics », nous rapporte notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain. Une dizaine d’autres organisations réclament un report de la reprise des cours et dénoncent le retour des enfants dans les classes. Les élèves de terminale et de 3e ont en effet repris le chemin de l’école mercredi. Ceux de 7e doivent eux retourner en classe ce lundi.

Certains lieux de culte, eux, ont réouvert ce dimanche après un mois de fermeture (avec prises de températures et des édifices régulièrement désinfectés). Les rassemblements restent limités à 50 personnes. Le bilan officiel malgache est désormais de 123 cas, avec une nouvelle contamination ce dimanche. La Grande Ile ne déplore en revanche toujours aucun décès.
Frappée il y a quelques jours par des inondations meurtrières, Uvira a du mal à faire respecter le confinement par ses habitants. Situé dans le Sud-Kivu, la localité se trouve au bord du lac Tanganyika, à la frontière du Burundi, fermée pour lutter contre la propagation du virus. La pandémie n’inquiète pas vraiment la population, nous précise notre correspondant William Basimike. On n’y voit pas de masque, pas de désinfectant, et au contraire de nombreuses accolades… Les mesures de distanciation ne sont pas respectées.

Les habitants ne veulent pas rajouter du stress à une situation déjà très anxiogène après les inondations, lui explique une mère de famille : « Nous n’avons plus peur du coronavirus, cette catastrophe que nous venons de connaître remplace déjà le danger de cette maladie. Il n’y a pas de coronavirus à Uvira. Nous l’apprenons que de loin. D’ailleurs qu’ils nous ouvrent la frontière ici, afin que nous trouvions de quoi donner à manger à nos enfants. » Les marchés restent eux bondés. Le gouverneur de la province rappelle pourtant que le Covid-19 est une réalité dans la région. La RDC recense 442 cas positifs pour 28 morts. La grande majorité des contaminations et des décès se trouvent dans la capitale Kinshasa.

Le Congo-Brazzaville a annoncé samedi qu’il allait désinfecter les principales artères routières de sa capitale, parmi les neuf arrondissements de la ville. Brazzaville où les déplacements sont toujours interdits. Par conséquent, les chauffeurs de taxis sont au repos forcé, sans activité depuis le début du confinement. Une situation difficile à vivre, comme l’ont expliqué plusieurs professionnels du secteur à notre correspondant, Loïcia Martial. « La voiture est carrément garée, les roues ont perdu de l’air et la voiture a pris trop de poussière », soupire l’un d’entre eux. « On est bien coincés et on ne s’en sort plus. On est obligés de lancer des SOS à nos parents pour qu’ils nous viennent en aide. Le gouvernement n’a pas pris des mesures d’accompagnement par rapport à notre situation. Nous réclamons auprès de lui, lui qui reçoit des dons, qu’il pense aussi aux chauffeurs que nous sommes. »

Depuis que les chauffeurs taxis ont disparu de la circulation, les pousse-pousseurs ont pris la relève. Ils transportent marchandises et passagers à travers la ville. Le pays dénombre à ce jour 200 cas positifs au nouveau coronavirus pour six morts.
L’état d’urgence sanitaire en vigueur dans le pays d’Afrique centrale est prolongé au moins jusqu’au 10 mai, a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche le ministre gabonais de la Communication, porte-parole du gouvernement, Edgard Anicet Mboumbou Miyakou. Le bilan officiel gabonais du Covid-19 est de 176 cas positifs, pour 30 guérisons et 3 décès.

La maladie a pourtant déjà contaminé 1 182 personnes au Nigeria, faisant 35 morts. Plus de la moitié des cas se trouvent dans la capitale économique Lagos, qui a indiqué rendre obligatoire le port du masque pour lutter contre la propagation de la pandémie. Le non-respect de cette mesure exposera les contrevenants à des sanctions, a expliqué le gouverneur de l’Etat de la mégalopole de 20 millions d’habitants. Des masques seront produits en grande quantité assure également les autorités.

Plus d’un million et demi de Sud-Africains vont donc retourner travailler d’ici une semaine, notamment ceux qui exercent dans le domaine de l’agriculture, le secteur minier ou la restauration à emporter. Une reprise de l’activité surtout motivée par des considérations économiques, explique le spécialiste Daniel Silke : « L’économie du pays ne se portait déjà pas très bien avant cette épidémie. Nous ne pouvons vraiment pas nous permettre une nouvelle chute de la croissante; et cette baisse de croissance va certainement être très importante, ce qui veut dire qu’un nombre élevé de Sud-Africains vont perdre leur emploi. Nous avons déjà un chômage élevé, entre 30 et 50% selon les secteurs. Et l’on commence à assister à des tensions au sein de la population. Je pense qu’un assouplissement de ce confinement était nécessaire pour éviter des émeutes. »

par: Arab Observer

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